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Message par Poet Dim 21 Jan 2007, 21:02

Bon, je sais ce sont les soldes mais on fait pas un prix de gros pour l'achat d'une petite réserve de lectures tout à fait recommandables... ))
On ne brade pas la culture heu rrrrrrrrrrreusement (la brade rit Laughing ) dac

Aussi, j'ai commencé mon petit marché avec la (encore jeune) Claire Genoux (née à Lausanne en 1971) et son recueil de nouvelles "ses pieds nus" :

«C'est ce qui m'est arrivé et que je n'ai pas vécu», dit Marguerite Duras en exergue de Ses Pieds nus, dernier recueil de Claire Genoux. On ne saurait mieux cerner les personnages de ces sept nouvelles: ils sont tous à l'écart de la vie, de leur vie.
Celui qui «photographie des femmes nues» qu'il croit posséder parce qu'il les brutalise se trouve mis en échec par une épouse silencieuse et déterminée. Le psychiatre qu'elle le somme de consulter saura fissurer cette façade arrogante.
Une jeune femme prend le train de nuit pour Prague, juste pour une balade au bord de la Vlatva, (tout en regrettant de ne pas être dans celui de Naples) c'est le plus loin qu'elle ose se risquer. En route, il y aurait l'aventure, le plaisir, peut-être la passion (pour une autre femme). La peur l'empêche de les accepter: finalement «Prague ne comptera pas».
Les copains d'Emile rêvent de grands départs en buvant des bières et des whiskys. Lui ne va pas plus loin que l'hôtel City d'où il contemple son balcon desséché.
Dans ces histoires mélancoliques, les contacts physiques, même sous couvert de gestes affectueux, s'apparentent à des viols, à des abus. Même le fait d'attendre un enfant est le résultat d'un malentendu: Jeanne se disait «que les bébés ne s'attrapent pas comme ça, qu'il faut les vouloir, et elle n'en voulait pas». Et quand elle finira par accepter celui qui s'annonce, ce sera pour l'accaparer. «Tout le monde a une douleur, comme un étang tranquille au milieu du corps. Sans la douleur, on n'est rien», constate l'une de ces victimes. Sans révolte, sans se plaindre. Le mieux qu'on peut faire, c'est s'approprier sa mort, semble-t-il.
Il se dégage de ces récits une infinie tristesse. Il vaut mieux affronter leur pessimisme par petites doses pour ne pas désespérer tout à fait. Personne n'est jamais au bon endroit. Claire Genoux met au service de toute cette impuissance un art réel de la suggestion. Elle sait dessiner le détail juste pour matérialiser l'angoisse diffuse qui émane de ses figures. Quand l'histoire s'égare sur un chemin de traverse, se fixe sur des personnages anodins, ce n'est jamais sans raison. Claire Genoux a commencé par la poésie - Soleil ovale et Saisons du corps (Ed. Empreintes). Elle en a gardé le sens de l'ellipse.

Ensuite, j'ai dégoté un petit format aux éditions Naïve, de Maylis de Kerangal, originaire du Havre (elle vit maintenant à Paname) intitulé"Dans les rapides" :

1978. Le Havre. Lise, Nina et Marie quittent un monsieur qui vient de les prendre en stop. Elles sont sous le choc, après la cassette entendue dans la voiture. Elles viennent de découvrir Blondie. Les voilà donc parties tambour battant sur les traces de ce groupe de rock mené, une fois n'est pas coutume, par une femme, charismatique et magnifique, entourée d'hommes.

C'est comme ça que Debbie Harry entre dans leur vie. Cette blonde platine aux looks improbables va devenir l'argument choc de ces trois filles. Elle servira de faire-valoir auprès des mecs, de sujet de communion autour de la musique et des textes, de machine à questions existentielles, pour fusionner mais aussi pour apprendre à se détacher. Mais Debbie Harry, c'est aussi une référence vestimentaire. Pourtant, Kate Bush n'est pas loin : une autre femme, un autre style et une façon pour Lise de se distinguer.

Marie, la narratrice, observe sa vie d'adolescente en regardant et s'imaginant celle de Debbie Harry et de son groupe, à l'époque sur le devant de la scène rock new-yorkaise. Une construction pétillante qui permet à l'auteur, Maylis de Kerangal, de raconter la vie de cette icône musicale tout en montrant à quel point la musique joue un rôle important dans une construction identitaire.
(nd Silent Poet : c'est certainement pas moi qui dirait le contraire Wink )) )


Anne Pagano "les enfants troglodytes" :
Quand Adèle parle d'elle entre "quand j'étais petit", dans son pays où elle a grandi avec son frère Axel, et ses parents, dans la ferme du fond, et le présent, qui la voit revenir avec ses traits de femme seule et mystérieuse...

Emmanuelle Pagano a réussi un formidable tour de force en tendant la main au lecteur pour le prendre à bord de la fourgonnette scolaire, on s'y installe, on boucle sa ceinture, on s'y trimballe, les lèvres gercées, le souffle court, la boule au ventre. C'est scotchant.
Se glisser ainsi dans la tête de la narratrice, cerner sa troublante identité, son énigme et son ambiguité est un cadeau inouï, et une reconnaissance haute et digne de la perplexe relation entre l'identité et la sexualité...

Et enfin, rayon BD (après avoir dévoré l'intégrale de "quartier lointain") Jirô Tanigushi et son tout nouveau "un ciel radieux" :
Tanigushi revient sur un thème qu’il avait déjà développé avec Quartier Lointain, à savoir celui de pouvoir revivre, ou corriger certaines choses si on avait une deuxième chance.
Kazuhiro Kubota est coincé dans une vie et un système professionnel qui le tue peu à peu…
Il va avoir un accident avec un adolescent désorienté du nom de Takuya.
Et alors que le premier meurt, le corps du second se réveille, mais avec l’esprit du premier.
De là, des questions, de la nostalgie, l’envie de pouvoir changer des choses dans un laps de temps très court, bref, tous les ingrédients d’un drame touchant.
Et c’est le cas… Avec la douceur et la délicatesse qu’on lui connaît, Tanigushi tisse les fils de son intrigue et nous emmène dans un tourbillon de bons sentiments. Je dis de bons sentiments car parfois, on fait plus flirter avec la mièvrerie.
Mais ça fonctionne, c’est beau, et définitivement touchant…
Bon, ça fait déjà pas mal de longues plages de lecture en perspective, tranquillement installée dans mon petit nid...

Pour mes autres coups de cœur, recommandations et gourmandises, je rouvrirai mon étal prochainement faim prête Wink
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Message par Poet Mar 23 Jan 2007, 21:31

Ça y est ! Smile
Tombe la neige !
Elle est arrivée la nuit tombée et marcher sous des flocons qui s'abattent tels des oiseaux plongeants à pic dans la mer, c'est... quelque chose :Star: ))
Bon demain au réveil quand il faudra perdre 5 mn pour dégivrer l'auto et se risquer à prendre la route pour aller bosser, on trouvera ça moins merveilleux Rolling Eyes boude

C'est donc fort à propos que je voulais vous (re)parler d'un écrivain qui a beaucoup compté dans mes lectures (et notamment ce "palais de glace") Tarjei Vesaas (écrivain norvégien)
Plutôt que jouer au copier-coller, je vous laisse ce lien
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/vesaastarjei.html


J'ai trouvé également une présentation ,analyse très fine et pertinente du Palais de glace qui m'a bien plue et que je livre ici :arrow:

Deux petites filles de 11 ans dans un hameau fermier de Norvège. L’une, Siss, est aimée en famille et au village, meneuse de jeu ; l’autre, Unn, vient d’ailleurs, née de père inconnu et tout récemment orpheline de mère, une vieille tante l’a recueillie. Il y a des mystères dans cet âge intermédiaire où l’on est encore enfant à se rouler toute nue sur les couettes pour « chahuter » (1ère partie, chapitre 3), et déjà presque adolescente à tomber en amour absolu pour une Double et à promettre d’en conserver le souvenir à jamais (1, 2). Beaucoup de non-dit agissent dans cette histoire de petites filles. Dont le « grand secret », confié par allusion très rapide et presque inaperçue, qui ne servira pas à sauver la fillette : « je ne sais pas si j’irai au ciel » (1, 3). La nature s’en mêle avec son froid craquant, ses nuits menaçantes et ses eaux qui se figent en glace pour l’hiver. Les fermiers scandinaves parlent peu ; ils ont cette réserve de qui communique plus par les sens que par la seule parole. Les sociétés de Cour, qui se grisent de mots en les prenant pour le réel, ne peuvent comprendre cette attitude-là. C’est pourtant toute l’histoire.

Son extraordinaire poésie aussi. L’indicible est sublimé en signes, l’image parle d’elle-même, le réel est à tout instant limite. Alice y passe sans transition de l’autre côté du miroir, tout comme Unn en son palais de glace. Hantée par ce père qu’elle n’a jamais connu, elle cherche refuge entre les colonnes gelées de cette cascade figée par l’hiver ; éperdue d’avoir été abandonnée par sa mère, morte en quelques jours, elle se prend au piège d’un amour absolu, parfait, qu’elle craint de voir se briser. Le piège de ce palais de glace, aux coins et recoins innombrables, à la lumière changeante et parfois éclatante, est de figer les rêves et d’accomplir la perfection. Rien, dans la nature vivante, n’est parfait ni éternel, seule la mort est immobilité et pour toujours. Qui n’est plus en accord avec la nature est bon pour la mort dont le palais de glace est « le château fort ». Unn dérape, trop solitaire, Siss reste ancrée, attachée aux autres gosses.

Les comportements des hommes s’accordent aux saisons. La solitude, la hantise de perfection, la peur du noir ou de ne pas aller au ciel, c’est l’hiver. Presque tout se fige, comme mort. Et puis vient la promesse du printemps. La tante d’Unn décide de faire son deuil de sa nièce, déliant par là Siss de sa promesse non dite, de son enfermement dans son double. Un jeune garçon à peine plus âgé la caresse « du bout de ses chaussures » dans la neige et devient gentil avec elle. Si elle a laissé sa place de meneuse de jeu, "le garçon", jadis insignifiant (dont on n’apprend jamais le prénom), est devenu un leader qui la protège. Si l’hiver faisait rêver de se déshabiller en toute innocence pour jouer avec Unn, le printemps rend électrique le simple toucher des doigts. « Toi, avec tes jolies fossettes », remarque-t-il simplement. Trouble, l’étau vient de desserrer, Siss revient à la vie, aidée par le soleil, plus chaud, et l’eau, qui recommence à courir comme le sang dans les veines. Le palais de glace va s’écrouler, entraînant Unn à jamais. C’est la débâcle. Celle de la nature comme celle des attitudes. Les promesses ne tiennent que le temps de la vie, les souvenirs se décantent et se subliment, la rigidité fond, la roue tourne, Un autre amour commence de naître. Siss au garçon : « Qu’est-ce que tu veux ? – Je ne sais pas, balbutia-t-il. » (3, 6)

Ce livre m'avait beaucoup touchée et marquée. Il fait partie de mes lectures inoubliables... flower
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Message par Luna Ven 11 Juil 2008, 15:12

SlPoet a écrit:
C'est donc fort à propos que je voulais vous (re)parler d'un écrivain qui a beaucoup compté dans mes lectures (et notamment ce "palais de glace") Tarjei Vesaas (écrivain norvégien)
Plutôt que jouer au copier-coller, je vous laisse ce lien
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/vesaastarjei.html
[..]
Ce livre m'avait beaucoup touchée et marquée. Il fait partie de mes lectures inoubliables... flower

Dans mes bras SlPoet!!!!!!!!! J'en aurais presque les larmes aux yeux : je me suis toujours sentie seule à adorer ce bouquin... Inoubliable, c'est le mot!!!
A 10/11 ans, je ne sais plus, c'est LE bouquin qui m'a fait quitter mes lectures de gamine (genre bibliothèque verte Razz ). Ma prof de Français l'avait imposé en lecture respect . J'ai bien été la seule de la classe à être enthousiasmée! Laughing C'est bien simple, j'étais en manque en fermant ce livre, alors que d'autres avaient l'air de s'y ennuyer... Cette sensation de nature délicate et puissante qui ressortait des scènes descriptives de Vesaas! Ces non-dits dans les personnages de ces petites filles! Certainement un écho à mes propres non-dits d'alors, ce qui m'a d'autant plus attaché à cette histoire... :amoureuse:
C'est un de mes bouquins qui est toujours resté prioritaire pour être conserver même si ce n'est qu'une banale édition de poche bien jaunie (de déménagement en déménagement, beaucoup ont terminé en brocante... désespéré ). Il réprésente un tournant, un passage aux émotions adultes, une ouverture vers un monde sensationnel.
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Message par Poet Ven 11 Juil 2008, 15:25

Ah ben si je m'attendais moi-même à ce quelqu'une par ici connaisse ce livre et l'ait autant apprécié que moi (j'avais moins de 25 ans quand je l'ai lu et que j'ai découvert Tarjei Vesaas mais je n'étais déjà plus une ado et je n'étais plus aux études non plus Wink) mon panier d'hiver Forum70

Contente d'avoir trouvé une complice de lecture en toi en tous cas Wink

Bon week-end de 14 juillet et :feuda:
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Message par Poet Sam 13 Sep 2008, 15:04

Tiens aborder les rives des personnes transsexuelles et transgenres, je retiens deux romans que j'ai lus :

Le royaume interdit de Rose Tremain (juillet 1994)

Un jour de neige en 1952, l’Angleterre enterre son roi, George VI, et avec lui, sans bien le savoir, une bonne part de l'Angleterre héroïque et meurtrie de la Deuxième Guerre mondiale. Ce jour-là, Mary Ward, petite fille de six ans d’un fermier du Suffolk, s'avise qu'elle n'est pas, malgré les apparences, une fille mais un garçon.
Cette erreur sera-t-elle réparée ? Mary y compte bien. Et dès que le Roi a été décemment mis en terre, la petite paysanne du Sufolk commence à s’appliquer ardemment, malgré le village endormi dans la routine à devenir Martin, un garçon hardi, tendre et viril. Malgré l'impossibilité de se confier à quiconque, malgré un père rendu brutal et alcoolique par ses échecs successifs, malgré la douce et tenace folie de sa mère, nous suivons son périple à travers l’Angleterre des Beatles jusqu’à l’Amérique profonde. Martin règne-t-il sur un royaume à jamais interdit à Mary, malgré tous ses efforts ? Et d'ailleurs tous les personnages qui l'entourent ne sont-ils pas, eux aussi, en quête de royaumes inaccessibles ? Sa grand-mère morte en planeur, Est-elle murée dans sa folie télévisuelle, Walter, le boucher qui se veut chanteur de country, Tim à la recherche d'un angle parfait entre la natation et Dieu.

Pour la petite histoire, ce livre reçut le prix fémina étranger en 1994.


et ce livre que je vous avais chroniqué plus haut, donc ->
Les adolescents troglodytes d'Emmanuelle Pagano paru en janvier 2007 chez P.O.L.

http://www.pol-editeur.fr/catalogue/fichelivre.asp?Clef=6119

Et un lien utile sur le sujet http://syndromedebenjamin.free.fr/tree-menu/menusite2.htm
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