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Message par Poet Sam 19 Sep 2009, 14:39

« A propos d'Elly » film iranien de Asghar Farhadi.


Un groupe d'amis étudiants passe des vacances dans une vaste demeure au bord de la mer Caspienne. Sepideh, qui s'est occupée de l'organisation, a décidé d'inviter Elly, en espérant que celle-ci ne soit pas indifférente au charme de son ami Ahmad, qui sort tout juste d'une rupture. Les vacances se passent dans la bonne humeur, jusqu'à la soudaine disparition d'Elly...
Moins de trois mois après une ébauche de révolution durement réprimée, un film iranien se regarde d'un œil, disons... attentif... Paradoxe : A propos d'Elly (Ours d'argent au dernier festival de Berlin), tourné bien avant les événements, commence presque comme une œuvre occidentale. Des amis vont passer le week-end au bord de la mer : voitures puissantes, tee-shirt Von Dutch et sac Vuitton (des contrefaçons, bien sûr), ambiance festive, et tant pis si la location est un peu rudimentaire, le tourisme local est encore balbutiant ! Il y a trois couples et un célibataire que la jolie Sepideh (Golshifteh Farahani, vue dans Mensonges d'Etat) aimerait bien caser avec la maîtresse d'école de ses enfants, la timide Elly, invitée surprise. Ça complote sec jusqu'à ce qu'Elly disparaisse sans laisser la moindre trace. S'est-elle noyée en portant secours à un enfant imprudent ? A-t-elle suivi au loin le cerf-volant qu'elle manœuvrait avec joie, dans une drôle d'ivresse de liberté ?

Après les scènes de groupe gaiement pagailleuses, et très réussies, changement de ton brutal : au fur et à mesure qu'on s'interroge sur l'identité et le destin d'Elly, l'harmonie se lézarde, et c'est un Iran plus traditionnel qui surgit. « Elle m'a obligé à lever la main sur elle », dit de sa femme le mari de Sepideh, transformé à sa propre stupeur en oppresseur machiste. Comme souvent dans le cinéma iranien, A propos d'Elly intéresse moins par son sujet proprement dit (l'archaïsme de la condition féminine en Iran) que par ce qu'il montre incidemment : des classes moyennes à demi occidentalisées, une timide libéralisation des moeurs et des femmes qui se baignent entièrement... vêtues. A son meilleur, il donne à voir des individus qui se croient libres alors qu'une force plus puissante qu'eux cadenasse leur vie. Appelons-la tradition, ou dictature.

Maintenant revenons à Golshifteh

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"A propos d'Elly" (actuellement en salles) sera-t-il son dernier film en farsi ? Depuis qu'elle a tourné sans voile chez Ridley Scott, pour “Mensonges d'Etat”, l'actrice, pourtant superstar en Iran, est indésirable dans son pays...


C'est une jeune femme radieuse, en jean et tee-shirt, que seule sa beauté distingue dans les rues de Paris ; mais c'est aussi une superstar du cinéma iranien, qui, surprise, se promène bras et tête nus... Golshifteh Farahani, 26 ans, a joué dans une vingtaine de films depuis l'adolescence. Elle est l'une des actrices les plus en vue du pays, comme en témoignent les sites Internet qui lui sont dédiés, ou les nombreux groupes de fans sur Facebook. Mais A propos d'Elly, actuellement à l'affiche, où elle porte le voile et parle le farsi, sera peut-être son dernier film iranien. Depuis qu'elle a joué face à Leonardo DiCaprio dans Mensonges d'Etat, de Ridley Scott, sorti l'hiver dernier, la jeune femme est dans le collimateur des autorités. Menacée dans son travail, elle a fini par quitter son pays et vit à Paris, possédant désormais par mariage la nationalité française. Elle rêve aujourd'hui d'une carrière plus internationale, d'un « one-woman-show » en français, le temps d'apprivoiser la langue, ou encore de goûter à ce qui lui était interdit en république islamique, la danse et le chant. Trois mois après la réélection contestée du président Ahmadinejad, et les manifestations qui suivirent, elle revient sur la vie en Iran, mélange quotidien de peur et de débrouillardise.

Comment avez-vous pris la décision de quitter l'Iran ?
En février 2008, peu après le tournage de Mensonges d'Etat, je devais aller faire des essais à Londres, et j'ai été bloquée à l'aéroport. Il régnait une grande confusion. Quand les agents du gouvernement m'ont reconnue, ils étaient presque gênés de m'empêcher de partir. Ils s'excusaient ! C'est six mois plus tard que les choses ont pris de l'ampleur : la bande-annonce du film de Ridley Scott a commencé à circuler sur Internet, on a vu que je n'y portais pas le voile. Simultanément, la nouvelle que j'avais été retenue en Iran a été rendue publique. J'aurais sans doute pu rester dans mon pays : on ne met pas en prison, on ne menace pas physiquement quelqu'un d'aussi connu que moi. Mais je n'aurais plus été autorisée à travailler. Par chance, on ne m'avait pas retiré mon passeport ; quelques mois plus tard, j'ai réussi à partir, en profitant d'une faille du système de contrôle !


“Quand il n'a pas de problèmes avec les autorités,
un Iranien peut circuler assez facilement.”




Vous n'aviez pas eu besoin d'autorisation pour tourner dans une production hollywoodienne ?
Quand j'ai été contactée par Ridley Scott, j'étais déjà hors d'Iran. Je présentais aux Etats-Unis l'un de mes films, Santouri, sur les ravages de la drogue au sein de la jeunesse iranienne, un film jugé trop noir et interdit de sortie... en Iran ! Quand il n'a pas de problèmes avec les autorités, un Iranien peut circuler assez facilement. Peu avant mes soucis à l'aéroport, j'avais représenté mon pays à Londres, dans une sorte de mini-festival célébrant l'anniversaire de la Révolution islamique. Un jour ambassadrice, le lendemain persona non grata...

On s'habitue à cet arbitraire ?On n'a pas le choix ! J'ai grandi dans une famille d'artistes et d'intellectuels : mon père est acteur et metteur en scène de théâtre, ma mère a été peintre, elle a étudié les arts plastiques à Strasbourg. Mes parents avaient quitté l'Iran du chah, et ils sont rentrés lors de la révolution. Mais ils étaient opposants avant et ils le sont restés après... Dans ce contexte, on comprend très vite que les choses ne fonctionnent pas normalement. Je suis née pendant la guerre [contre l'Irak, 1980-1988, NDLR], je me souviens de l'abri dans lequel nous allions nous protéger des bombardements. Je me souviens y avoir attendu mon père, terrorisée à l'idée qu'il serait tué. Plus tard, il a eu des difficultés pour travailler à cause de ses prises de position. On s'habitue à survivre, à se débrouiller.

Quelle a été votre vie d'adolescente iranienne ?
Singulière, parce que je viens d'une famille d'intellectuels, mais avec les mêmes contraintes que les filles de mon âge. J'allais dans une école de musique, pompeusement appelée Ecole des chants révolutionnaires. Il fallait une autorisation spéciale pour transporter nos instruments dans la rue - islam et musique ne font pas bon ménage. On nous recommandait de ne jamais l'oublier, en cas de contrôle de la police. Et encore, avec les policiers on pouvait discuter. Mais les bassidji, les milices islamiques, étaient connus pour confisquer les instruments de musique. Je ne peux pas dire avoir vécu dans la peur, mais elle était là, comme une chose toujours présente qu'on ne remarque plus.

On vous a enseigné très tôt la prudence ?
Vous voulez dire l'hypocrisie, le mensonge. On est obligé de devenir une bonne actrice ! Au début de la révolution, des types venaient dans les écoles montrer aux enfants des bouteilles d'alcool, du whisky. Est-ce que tes parents ont ça chez eux ? Ceux qui répondaient tout fiers : oui, mon père a la même à la maison, voyaient illico débarquer les miliciens. Alors on apprend à mentir : chez moi je prie, non, mon père ne boit jamais, etc.


“En Iran, tout est illégal,
mais tout est faisable à condition
de savoir se débrouiller.”




Vous avez tout de même senti une évolution ?
Bien sûr. En Iran, tout est illégal, mais tout est faisable à condition de savoir se débrouiller. Vous voulez boire de l'alcool ? Pas de problème, vous dénichez le numéro d'un type qui arrivera discrètement chez vous. Dans son coffre, toutes les boissons de marque occidentales. Le rock est interdit ? Vous avez un réseau de concerts clandestins. On en a organisés à la maison ; mon frère est musicien, mais, bien sûr, il ne peut pas vivre de sa musique. Je me suis fait arrêter, quelques fois, à l'un ou l'autre de ces rassemblements underground. Mais rien de bien grave : la police arrête tout le monde, et vous vous en sortez avec une amende. Vous payez plutôt que de recevoir des coups de fouet !

Et le port du voile ?
Pour ceux ou celles qui, comme moi, ne sont pas croyants, c'est un costume national, pas un emblème religieux. On n'y pense plus, on se débrouille avec. Un exemple : dans A propos d'Elly, on voit des femmes se baigner entièrement habillées. C'est ce que le réalisateur est obligé de montrer. Le cinéma iranien ne peut pas représenter les choses telles qu'elles se passent vraiment. Car si on veut se baigner en maillot de bain, on peut toujours s'arranger : par exemple, enlever ses habits dans l'eau et les confier à un ami qui les posera sur la plage et vous les rendra avant que vous ne sortiez. Je l'ai fait cent fois. Ces contraintes-là sont minimes par rapport à l'impossibilité de s'opposer au régime.

Quand avez-vous tourné A propos d'Elly ?
Entre mon départ avorté et mon exil. Asghar Farhadi est un metteur en scène intéressant. Il vient du théâtre, et nous avons répété pendant plus de deux mois avant le tournage proprement dit. Je trouve que le film montre assez bien les différences sociales et culturelles de l'Iran d'aujourd'hui. Et le poids de la tradition au sein des classes moins aisées. L'équipe est allée au festival de Berlin, sans moi, déjà dans le collimateur des autorités depuis Mensonges d'Etat. Les officiels ont pris leur air le plus magnanime : l'erreur d'une actrice ne peut gâcher un travail collectif... Je n'aurais pas détesté un peu de solidarité de la part du réalisateur. Mais je comprends aussi : le film a un temps été interdit à cause de moi.

Que pensez-vous des cinéastes iraniens que nous connaissons en Occident, et quel est leur rapport au pouvoir ?
Chaque cas est particulier et, je le répète, la notoriété apporte l'impunité. Abbas Kiarostami, avec qui j'ai tourné Shirin, a su conquérir une forme de liberté. Il connaît sans doute les bons interlocuteurs au sein des autorités. Mohsen Makhmalbaf, c'est une autre histoire : il y a vingt ans, il était au côté des leaders de la révolution islamique, et puis il a évolué, à mes yeux dans le bon sens. A chacun de se débrouiller avec ses idées et sa conscience.


“J'étais sûre que Moussavi allait gagner,
qu'il ouvrirait une ère de réformisme léger,
laquelle amènerait à sa suite un durcissement…”





Où étiez-vous au moment des élections de juin ?
J'étais en tournage en Argentine. Honnêtement, l'élection ne me passionnait pas plus que ça. J'étais sûre que Moussavi allait gagner, qu'il serait un nouveau Mohammad Khatami [président de 1997 à 2005], qu'il ouvrirait une ère de réformisme léger, laquelle amènerait à sa suite un durcissement, et un nouvel Ahmadinejad. Je ne peux pas vous décrire ma surprise face aux événements, ni le malaise physique que la répression des manifestants a provoqué en moi.

Vous ne soutenez donc pas Moussavi...
Souvenez-vous des mandats de Khatami. Bien sûr, il y a eu comme une ouverture, qui a profité à la culture. On avait l'impression de respirer un peu plus librement. Mais c'était aussi l'époque de Saïd Emami, tueur en série d'intellectuels et d'opposants au régime, téléguidé par les services de renseignements. Un président réformiste n'est pas une garantie, parce que le pouvoir n'est pas réellement entre ses mains, mais entre celles des leaders religieux.

Qu'est-ce que vous pouvez faire, à votre niveau ?
J'y ai beaucoup pensé. Je ne crois pas que les Iraniens apprécient les prises de parole spectaculaires des exilés de vingt ou trente ans. Ils parlent au nom d'un peuple qui n'est plus le leur. Alors, je vais enregistrer un album avec l'un des plus célèbres musiciens iraniens, Mohsen Namjoo, en exil lui aussi et menacé de prison à cause du contenu trop réaliste de ses chansons. Sa musique est exceptionnelle parce qu'elle mélange tradition iranienne et pop moderne. Je vais jouer avec lui, chanter pour lui - alors que le chant féminin est interdit en Iran. C'est un geste symbolique fort parce que nous sommes deux stars : le disque circulera en Iran sous le manteau dès le jour de sa sortie en Occident.

Quel avenir pour l'Iran, et pour vous dans votre pays ?
Là-bas, la vie continue. Elle a toujours continué : les Iraniens sont des survivants. Le pouvoir a longtemps profité du manque d'éducation des couches populaires, mais, aujourd'hui, grâce aux nouveaux modes de communication, Internet en particulier, la jeunesse a gagné en maturité. Les jeunes savent ce qu'ils veulent : la liberté de pensée et de parole... Mon pays me manque affreusement. J'ai l'impression d'être sans repères, sans foyer. Mais si j'y retourne dans les circonstances actuelles, je risque non seulement d'être privée de travail, mais de ne plus pouvoir en sortir.
Propos recueillis par Aurélien Ferenczi

Et je voulais aussi rajouter un autre film toujours pas vu, les chats persans de Bahman Ghobadi, primé cette année à Cannes, dont deux des jeunes acteurs et musiciens qui jouent dans le film, ont réclamé l'asile politique à la Grande-Bretagne après l'arrestation en Iran d'un membre de leur groupe.

Les chats persans : A leur sortie de prison, Negar et Ashkan, deux jeunes musiciens iraniens, décident de monter un groupe underground. Lassés de ne pas pouvoir s’exprimer librement dans leur pays, ils tentent par ailleurs de se procurer clandestinement des papiers pour rejoindre l’Europe.
Ils font la rencontre de Hamed, qui les accompagne dans leurs démarches, et parcourent avec lui Téhéran à la rencontre d’autres musiciens, essayant de les convaincre de quitter le pays avec eux et de monter un grand concert clandestin pour financer leur fuite.
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Message par Invité Dim 09 Avr 2017, 21:22

Je regarderais bien Le monde sur le fil,  de Fassbinder

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