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Des Bleus antiblues

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Message par Invité Ven 07 Juil 2006, 10:38

La France, fan de ses onze pilules bleues



Sans illusions sur les effets d'un succès de l'équipe de Zidane en finale, les Français prennent leur plaisir dans la célébration de l'instant.


Juillet 1998-juillet 2006.
Un même événement, la Coupe du monde de football. Un même parcours (jusqu'à présent) pour le onze tricolore qui dimanche soulèvera peut-être à Berlin le même trophée qu'il y a huit ans au Stade de France. Les mêmes images de liesse sur les Champs-Elysée à Paris ou sur les places et boulevards des grandes villes. Le même parfum ? Pas sûr. Si la joie est réelle, elle s'est débarrassée du mirage mystificateur de 1998. Ainsi, parler de revival laisse Thomas dubitatif. «Je ne sais pas, lâche ce consultant informatique de 36 ans, qui s'est surpris mercredi à rallier les Champs-Elysées: C'est festif et contagieux, mais avec une vraie différence: 1998, c'était la première fois.» Et la fureur du désir n'est plus la même. Eric, étudiant en droit, dans les travées mercredi au Parc des princes, l'assure: on applaudit plus la performance de «compétiteurs hors pairs» qu'on ne célèbre une «France qui gagne». «Les gens se retrouvent dans des stades parce qu'ils ont envie de vivre ces moments de grande intensité ensemble mais c'est la machine à gagner qu'on admire, analyse-t-il , pas une France black-blanc-beur qui n'a d'autre signification que dans la tête des journalistes et politiques qui ont popularisé l'expression» (lire page ci-contre).


«Leurre»
. Selon Julie, psychologue pour enfants, l'aventure de 2006 est à la fois «plaisante et déprimante». «Ils apportent une bouffée d'optimisme estival mais on sait que ce sera très éphémère, dit-elle. On a vite vu que cette image d'Epinal d'une France fraternelle en 1998 était un leurre. Le contre-coup n'en a été que plus déprimant.» Faut-il y voir une atmosphère plus tendue, plus retenue aussi ? Comme si tout le monde savait qu' «une fois la fête passée la vie reprendra son cours», raconte Amaury Beaudoin, bordelais de 32 ans. Comme si tout le monde savait que le ballon rond ne renversera rien. Comme si «foot ou pas foot, de toute façon, Villepin est toujours là. Autant 98 arrivait en point d'orgue d'une période faste, autant aujourd'hui cela ressemble un peu à la fête du désespoir. On n'oublie pas qu'il faudra se lever le lendemain. Alors qu'en 1998, franchement, le lendemain, il était loin. Là, on a l'impression qu'on se force un peu, parce que justement on n'arrive pas à oublie.» Et que le climat colle à la peau. Fouad Lahrache, psychologue de 26 ans installé à Orléans: «2006 est complètement différent, plus dense, plus désespéré, plus pulsionnel.»

«Décalage». Plus compassionnel, peut-être. Jean, 46 ans, maître ouvrier à la voirie à Paris, a regardé le match en famille avec ses enfants, chez lui, à Montgeron (Essonne). Après le match, la rue, les klaxons, les drapeaux. «Un soir de victoire, tout le monde ressent quelque chose de positif. Il suffit de crier "Allez les Bleus !", de klaxonner, pour que les gens vous fassent un sourire. Autrement on fait quoi ? On travaille, on rentre chez soi, on se couche. On ne regarde pas ce qu'il se passe chez le voisin car, le lendemain, c'est debout à 5h30.» Passé la fièvre de communion, retour à la case individualisme. C'est que «rien n'a changé depuis 1998. On est toujours dans la même merde.Avec une classe moyenne prise entre le marteau et l'enclume».
Les Bleus, bulle de champagne dans un océan de Prozac ou piqûre de rappel contre la marée des déclinologues? Alain, administrateur de biens à Paris: «Les Français font partie des plus gros consommateurs d'anxiolytiques. Si le foot pouvait être un antidépresseur, ce serait pas mal.» Puis: «Mais un match, ça dure pas longtemps.» Pourtant, l'identification d'un groupe au parcours voué à l'enfer, passé par le purgatoire et qui lorgne le paradis joue. Sébastien, 33 ans, de Montreuil (Seine-Saint-Denis), l'explique ainsi: «On n'arrête pas de dire que la France est un vieux pays en déclin. Et pour le foot on parlait d'une équipe de vieux qui n'arrive plus à rien. On s'aperçoit qu'avec de la volonté même des vieux joueurs sont capables de réussir. De façon inconsciente, cela redonne de l'espoir aux gens.» Mais ça ne réconcilie pas forcément avec les élites. François Coulombeau, de Clermont-Ferrand: «Il s'agit moins de la victoire d'un pays comme j'en éprouvais le sentiment en 1998 que de la possible victoire d'une équipe, avec la figure de proue emblématique de Zidane. Avec, pour conséquence première, la confirmation de l'évidence du décalage entre le monde politique français et la société civile, comme un uppercut en pleine gueule.»

Extase. Equipe de France, lutte contre le CPE, crise des banlieues, mêmes symptômes ? N'exagérons rien. Pour positiver un minimum, voilà Michel, 42 ans, cordonnier à Paris. Il a regardé le match France-Portugal chez un ami à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). «La dernière fois que les gens se sont retrouvés ensemble, c'était dans la manif contre le Pen, en avril 2002 à Paris. Finalement, il n'y a que le foot et la politique qui sont capables de rassembler comme ça. De faire se sentir fort. Un peu.» Avec une dimension peut-être un peu plus euphorisante pour le ballon rond. «Quand l'équipe de France gagne, chaque individu à l'impression d'avoir gagné quelque chose, même s'il est chômeur, même s'il est au fond du trou. C'est fictif, mais ça fait du bien.» Illusion? L'extase 2006 est mature, dépourvue de la naïveté de 1998: «1998, qui nourrissait l'espoir que la victoire de l'équipe de France, pouvait changer les choses en profondeur. Entre-temps, il y a eu le second tour de l'élection de 2002», rappelle Amaury Beaudoin.
Oli ne dit pas autre chose. «Le fond de l'air est beaucoup plus tendu [lire ci-contre]. On recherche le plaisir passé sans le retrouver complètement. Tocqueville disait de la révolution de 1848 qu'elle singeait celle de 1789.» Qu'a-t-il vu ce mercredi d'après match, dans le XIe arrondissement de Paris? Une voiture. Des jeunes. Un cri: «Merci l'immigration, hein ? On lui dit merci à l'immigration.» Avec «une petite rancune, un goût amer» dans la bouche... 2006, finalement, c'est une vraie petite pilule de bonheur, mais une pilule qui ne fait pas perdre la mémoire.


http://www.liberation.fr/actualite/societe/191970.FR.php

oui c'est une vraie petite pilule de bonheur, mais une pilule qui ne fait pas perdre la mémoire.

:wouah:

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