la france et l'innovation

Sans changement majeur, la France perdra du terrain en matière d'innovation
LE MONDE | 23.02.07 | 14h28 • Mis à jour le 23.02.07 | 14h28
Dossiers, archives, fiches pays... toutes les chances de réussir !
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts


'Europe serait en train de combler lentement son retard par rapport aux Etats-Unis et au Japon en matière d'innovation, selon le tableau de bord européen de l'innovation dont la sixième édition a été publiée jeudi 22 février.

La position de la France reste stable. Son "indicateur d'innovation" est légèrement supérieur à celui de la moyenne des 27 pays de l'Union. Mais il progresse, globalement, moins vite que les autres.



Sans changement important, le pays perdra donc du terrain dans les années à venir. Un constat que d'autres classements récents viennent tempérer. Ainsi l'Insead classe la France en cinquième position (sur plus de cent pays répertoriés) dans son Indicateur global d'innovation, publié en début d'année.

Celui de la Commission européenne prend en compte une batterie d'indicateurs qui vont de la formation scientifique et technique aux performances à l'exportation, en passant par les dépôts de brevets. Tous secteurs d'activité confondus.

A la différence d'autres palmarès, celui-ci n'est donc pas exclusivement centré sur la recherche et développement ou sur les technologies de pointe. Le rapport analyse aussi les performances de pays non européens : les Etats-Unis, le Japon, la Suisse, la Norvège, l'Islande, la Turquie et la Croatie.

Les auteurs de l'étude ont classé les pays en quatre catégories. Les "champions" innovent nettement plus que la moyenne. Il s'agit des pays scandinaves, de l'Allemagne, de la Suisse et du Japon. Dans cette catégorie, seul l'indice du Danemark continue de progresser plus vite que la moyenne. Ce pays se démarque, en particulier, par le nombre élevé d'utilisateurs de réseau de communications à haut débit et par la possibilité qu'ont les firmes innovantes de se faire financer par du capital-risque au premier stade de leur développement.


L'ITALIE LÂCHÉE


En deuxième position arrive le "peloton", dont fait partie la France. Avec deux points forts : le nombre d'étudiants en science et ingénierie, et, à un moindre degré, la pénétration des réseaux haut débit. Mais le pays obtient un mauvais score pour les aides publiques à l'innovation, malgré les efforts accomplis en ce domaine, comme l'accroissement du crédit impôt recherche, ou la mise en place des pôles de compétitivité.

Et si les scores sont relativement bons en matière de dépôt de brevets, ils restent très en dessous de la moyenne pour les dépôts de marques, ce qui tendrait à prouver que les nouveaux produits ou services tardent à arriver sur le marché.

Cet indicateur s'est néanmoins amélioré depuis un an. Globalement l'innovation semble mieux pénétrer les petites et moyennes entreprises (PME) françaises. Elles auraient été plus nombreuses à mettre en place un service d'innovation maison. Elles coopèrent aussi davantage les unes avec les autres, augmentent leur dépense en technologie de l'information et de la communication (TIC). Le capital-risque serait moins frileux à l'égard des très jeunes entreprises innovantes.

L'Italie a quitté le "peloton" pour passer dans la catégorie des "lâchés", qui regroupe ceux qui non seulement font moins bien que la moyenne mais aussi progressent moins qu'elle. L'Espagne en est aussi. La Bulgarie, en revanche, a rejoint le camp des "espoirs", c'est- à-dire des pays situés en bas du classement mais qui affichent des progressions supérieures à la moyenne.

Les auteurs du rapport ont aussi analysé l'efficacité de l'innovation en comparant les moyens alloués aux performances obtenues. La France se situe à nouveau dans le peloton des 27, mais loin derrière l'Allemagne ou la Suisse.

Annie Kahn