2007 : Centenaire René Char
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2007 : Centenaire René Char
Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
Poet- DJ LittéRieuse
- Nombre de messages : 909
Localisation : Sous les toits de la Normandie
Loisirs : dé-lire, boite à musique; étoiles et toiles, chemins de traverses
Date d'inscription : 31/05/2005
Re: 2007 : Centenaire René Char
Merci magnifique René Char
Recueil : Le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
Si tu cries, le monde se tait : il s'éloigne avec ton propre monde.
Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.
Qui convertit l'aiguillon en fleur arrondit l'éclair.
La foudre n'a qu'une maison, elle a plusieurs sentiers. Maison qui s'exhausse, sentiers sans miettes.
Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer. Nous pourrions être des chiens commandés par des serpents, ou taire ce que nous sommes.
Le soir se libère du marteau, l'homme reste enchaîné à son coeur.
L'oiseau sous terre chante le deuil sur la terre.
Vous seules, folles feuilles, remplissez votre vie.
Un brin d'allumette suffit à enflammer la plage où vient mourir un livre. L'arbre de plein vent est solitaire. L'étreinte du vent l'est plus encore.
Comme l'incurieuse vérité serait exsangue s'il n'y avait pas ce brisant de rougeur au loin où ne sont point gravés le doute et le dit du présent. Nous avançons, abandonnant toute parole en nous le promettant.
----------------------------------------------------------------------------
Recueil : Le poème pulvérisé (1945-1947)
Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l'impossible.
Pourtant.
Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. A quand la récolte de l'abîme? Mais tu as crevé les yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...
Qu'est-ce qui t'a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?
Il n'y a pas de siège pur.
Recueil : Le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
J'habite une douleur
Si tu cries, le monde se tait : il s'éloigne avec ton propre monde.
Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.
Qui convertit l'aiguillon en fleur arrondit l'éclair.
La foudre n'a qu'une maison, elle a plusieurs sentiers. Maison qui s'exhausse, sentiers sans miettes.
Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer. Nous pourrions être des chiens commandés par des serpents, ou taire ce que nous sommes.
Le soir se libère du marteau, l'homme reste enchaîné à son coeur.
L'oiseau sous terre chante le deuil sur la terre.
Vous seules, folles feuilles, remplissez votre vie.
Un brin d'allumette suffit à enflammer la plage où vient mourir un livre. L'arbre de plein vent est solitaire. L'étreinte du vent l'est plus encore.
Comme l'incurieuse vérité serait exsangue s'il n'y avait pas ce brisant de rougeur au loin où ne sont point gravés le doute et le dit du présent. Nous avançons, abandonnant toute parole en nous le promettant.
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Recueil : Le poème pulvérisé (1945-1947)
Le terme épars
Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l'impossible.
Pourtant.
Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. A quand la récolte de l'abîme? Mais tu as crevé les yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...
Qu'est-ce qui t'a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?
Il n'y a pas de siège pur.
René Char
La-garance-voyageuse- Lez à l'aise
- Nombre de messages : 437
Date d'inscription : 29/11/2005
Re: 2007 : Centenaire René Char
Merci mille fois -chère Garance-voyageuse- pour m'avoir saisi d'autres écrits de René Char. D'ailleurs, si vous en avez d'autres à nous faire partager, moi, évidemment, je suis preneuse .
Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu, il chante avant de s'envoler /.../
Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu, il chante avant de s'envoler /.../
Poet- DJ LittéRieuse
- Nombre de messages : 909
Localisation : Sous les toits de la Normandie
Loisirs : dé-lire, boite à musique; étoiles et toiles, chemins de traverses
Date d'inscription : 31/05/2005
Re: 2007 : Centenaire René Char
"Fureur et mystère" qui regroupe :
Seuls demeurent
Feuillets d'Hypnos
Les loyaux adversaires
Le poème pulvérisé
La fontaine narrative
Les loyaux adversaires
Chaume des Vosges -1939-
Beauté, ma toute-droite, par des routes si ladres,
À l'étape des lampes et du courage clos,
Que je me glace et que tu sois ma femme de décembre.
Ma vie future, c'est ton visage quand tu dors.
------------------------------------------------------------------------------
Les loyaux adversaires
Redonnez-leur…
Redonnez-leur ce qui n'est plus présent en eux,
Ils reverront le grain de la moisson s'enfermer dans
l'épi et s'agiter sur l'herbe.
Apprenez-leur, de la chute à l'essor, les douze mois de
leur visage,
Ils chériront le vide de leur coeur jusqu'au désir suivant ;
Car rien ne fait naufrage ou ne se plaît aux cendres ;
Et qui sait voir la terre aboutir à des fruits,
Point ne l'émeut l'échec quoiqu'il est ait tout perdu.
Seuls demeurent
Feuillets d'Hypnos
Les loyaux adversaires
Le poème pulvérisé
La fontaine narrative
Les loyaux adversaires
Chaume des Vosges -1939-
Beauté, ma toute-droite, par des routes si ladres,
À l'étape des lampes et du courage clos,
Que je me glace et que tu sois ma femme de décembre.
Ma vie future, c'est ton visage quand tu dors.
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Les loyaux adversaires
Redonnez-leur…
Redonnez-leur ce qui n'est plus présent en eux,
Ils reverront le grain de la moisson s'enfermer dans
l'épi et s'agiter sur l'herbe.
Apprenez-leur, de la chute à l'essor, les douze mois de
leur visage,
Ils chériront le vide de leur coeur jusqu'au désir suivant ;
Car rien ne fait naufrage ou ne se plaît aux cendres ;
Et qui sait voir la terre aboutir à des fruits,
Point ne l'émeut l'échec quoiqu'il est ait tout perdu.
La-garance-voyageuse- Lez à l'aise
- Nombre de messages : 437
Date d'inscription : 29/11/2005
Re: 2007 : Centenaire René Char
L'éclair me dure
La poésie me volera de la mort
("Paroles d'orage")
"Les pluies sauvages favorisent les passants profonds"
"Sur cette terre, si vous pouviez le percevoir, vous sentiriez qu’à cinq secondes de cette maison-ci l’ébranlement est continu, mais il est mesuré comme le battement du sang dans des artères vives. L’exquise terre est une boule violente et capricieuse tandis que son invisible sœur crache des épouvantes partout. Le grand cercle que la terre dessine fait que toutes les saisons se contrarient avant de s’entr’éliminer. Répétons qu’il y a toujours une violence qui répond à une autre violence et la contrecarre en bien ou en mal. La moindre clarté naît d’un acte violent, même une allumette que vous craquez, un phare d’auto que vous allumez. La Poésie aime cette violence écumante et sa double saveur qui écoute aux portes du langage. Large est le domaine de la violence bénéfique, de ses voltiges, et de ses premiers âges ! "
La poésie me volera de la mort
("Paroles d'orage")
"Les pluies sauvages favorisent les passants profonds"
"Sur cette terre, si vous pouviez le percevoir, vous sentiriez qu’à cinq secondes de cette maison-ci l’ébranlement est continu, mais il est mesuré comme le battement du sang dans des artères vives. L’exquise terre est une boule violente et capricieuse tandis que son invisible sœur crache des épouvantes partout. Le grand cercle que la terre dessine fait que toutes les saisons se contrarient avant de s’entr’éliminer. Répétons qu’il y a toujours une violence qui répond à une autre violence et la contrecarre en bien ou en mal. La moindre clarté naît d’un acte violent, même une allumette que vous craquez, un phare d’auto que vous allumez. La Poésie aime cette violence écumante et sa double saveur qui écoute aux portes du langage. Large est le domaine de la violence bénéfique, de ses voltiges, et de ses premiers âges ! "
Poet- DJ LittéRieuse
- Nombre de messages : 909
Localisation : Sous les toits de la Normandie
Loisirs : dé-lire, boite à musique; étoiles et toiles, chemins de traverses
Date d'inscription : 31/05/2005
Re: 2007 : Centenaire René Char
"Fureur et mystère" : Feuillets d'Hypnos
L'intelligence avec l'ange, notre primordial souci.
(Ange, ce qui, à l'intérieur de l'homme, tient à l'écart du compromis religieux, la parole du plus haut silence, la signification qui ne s'évalue pas. Accordeur de poumons qui dore les grappes vitaminées de l'impossible. Connait le sang, ignore le céleste. Ange : la bougie qui se penche au nord du coeur.)
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L'intelligence avec l'ange, notre primordial souci.
(Ange, ce qui, à l'intérieur de l'homme, tient à l'écart du compromis religieux, la parole du plus haut silence, la signification qui ne s'évalue pas. Accordeur de poumons qui dore les grappes vitaminées de l'impossible. Connait le sang, ignore le céleste. Ange : la bougie qui se penche au nord du coeur.)
La-garance-voyageuse- Lez à l'aise
- Nombre de messages : 437
Date d'inscription : 29/11/2005
Re: 2007 : Centenaire René Char
"Fureur et mystère" : Le poème pulvérisé 1945-1947
Quand s'ébranla le barrage de l'homme, aspiré par la faille géante de l'abandon du divin, des mots dans le lointain, des mots qui ne voulaient pas se perdre, tentèrent de résister à l'exorbitante poussée. Là se décida la dynastie de leur sens.
J'ai couru jusqu'à l'issue de cette nuit diluvienne. Planté dans le flageolant petit jour, ma ceinture pleine de saisons, je vous attends, ô mes amis qui allez venir. Déjà je vous devine derrière la noirceur de l'horizon. Mon âtre ne tarit pas de voeux pour vos maisons. Et mon bâton de cyprès rit de tout son coeur pour vous.
Seuil
Quand s'ébranla le barrage de l'homme, aspiré par la faille géante de l'abandon du divin, des mots dans le lointain, des mots qui ne voulaient pas se perdre, tentèrent de résister à l'exorbitante poussée. Là se décida la dynastie de leur sens.
J'ai couru jusqu'à l'issue de cette nuit diluvienne. Planté dans le flageolant petit jour, ma ceinture pleine de saisons, je vous attends, ô mes amis qui allez venir. Déjà je vous devine derrière la noirceur de l'horizon. Mon âtre ne tarit pas de voeux pour vos maisons. Et mon bâton de cyprès rit de tout son coeur pour vous.
La-garance-voyageuse- Lez à l'aise
- Nombre de messages : 437
Date d'inscription : 29/11/2005
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