Les anges déchus de Denis Monfleur

Denis Monfleur sculpte des corps de granit superbement tassés sur eux-mêmes, résistants. Des corps résumés à leurs lignes de force, à leurs centres de gravité, souvent tronqués. Ce qui leur manque ne nuit pas à leur beauté : cela indique les limites de leur liberté...

La dimension poétique d'une œuvre - ce qui nous bouleverse, ce qui nous émerveille - ne s'invente pas. Elle tente de transmettre un peu d'humanité, un peu de sens - d'espoir peut-être ? À l'origine est une question insoluble : pourquoi sommes-nous des humains sur la Terre ? Elle peut aux plus cyniques paraître naïve, mais elle dit bien la responsabilité de chacun, et vis-à-vis de l'autre et vis-à-vis du monde.
L'art nous rappelle (parfois) cela que nous pouvons être debout, dignes et, comme le disait Antonioni, nous lever sur la pointe des pieds pour paercevoir les étoiles.

Taillés dans leur granit, ils volent, les anges descendent peu à peu, perdent leurs ailes, gagent un sexe, tombent et deviennent des humains (ça nous rappelle "les ailes du désir" film de Wim Wenders ). Au sol, sous leur nuée, un homme cabré tente de se redresser ; il n'y parvient pas encore. Nous sommes dans un entre-deux. Les fils reliant les anges au ciel ne rejoignent plus la main de Dieu, signifiant que se dessine un début d'autonomie. Par la grâce du modelé, chaque ange trouve sa singularité. Mais, après la chute, l'homme n'est toujours pas debout.
Se lèvera-t-il un jour ? Il faut y croire, malgré ses indignités, malgré ses infamies. Il faut lutter, comme Denis Monfleur, non pas en cherchant à le culpabiliser sur son égoïsme ou sa vénalité, mais par les moyens de la poésie, en lui rappelant qu'il est une homme.
(Olivier Cena)



Denis Monfleur est exposé jusqu'au 7 janvier 2007, au Palais Bénédictine, 110 rue Alexandre-le-Grand à Fécamp donc (02.35.10.26.10)

http://benedictine.fr/lepalais/espacecomtemporain.html

En voilà une idée de virée week-end sur Fécamp et puis en bonus ambiance illuminations de Noël assurée en cette période