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GAMIANI. Alfred de Musset

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Message par cleis Mer 25 Fév 2009, 22:39

PREAMBULE

En 1833 fut publié « Gamiani ou deux nuits d’excès » roman érotique dont on chercha l’auteur durant des années. Aujourd’hui il n’y a plus de doute c’est bien Alfred de Musset qui nous raconte dans cet ouvrage les aventures « amoureuses » de la comtesse Gamiani par le truchement du baron Alcide.
Tout y est : saphisme, sado-maso, triolisme, zoophilie etc… puisque les trois personnages Alcide, Gamiani et Fanny nous racontent, au cours de leurs ébats, leurs diverses expériences sexuelles.
Il est évident que Georges Sand, bi-sexuelle, et de plus maîtresse de l’auteur, n’est pas étrangère à ce récit et certains critiques prétendent que Marie Malibran, la célèbre cantatrice, qui se partageait entre Musset et Sand, pourrait être Fanny.
Ce ne sont évidemment que supputations mais ce qui est certain c’est que le livre a été écrit quelques temps après la mort de la Malibran et la fin mortifère du roman pourrait être une sorte « d’ex-voto » à la chère disparue, dont les deux auteurs étaient très amoureux.



Il est vrai que même si des scènes sont d’un érotisme certain voire extrême, on ne peut parler de pornographie ou de sadisme car la violence y est toujours contenue ce qui sans aucun doute prouve l’influence sur l’auteur d’une pensée féminine.


Outre le fait que je tenais à rendre hommage à Georges Sand qui a été en ce début du 19°siècle l’une des grandes féministes, et fut, en particulier, à cette époque, avec la peintre Rosa Bonheur, l’une des premières à porter un costume masculin, je voulais dire aussi l’importance historique que rappelle ci-dessous Pascal Pia.

Et puis ce texte est important car la première conquête des femmes fut d’abord la libération sexuelle et le droit de profiter pleinement de leur corps dans le seul souci du plaisir. De ce fait je pense que ce roman appartient à « notre patrimoine » pour ne pas dire à notre culture.

Je prie les censeurs de m’épargner les critiques au sujet de l’apologie du voyeurisme cela a déjà été fait et j’espère que chacune de vous comprendra que par respect pour les auteurs j’en publie l’intégralité, espérant que les lectrices sauront, avec discernement, faire la part des choses et reconnaître dans l’introduction de l’auteur une réflexion non dénuée d’intérêt sur les mœurs masculines.


« Gamiani » fut le livre le plus édité au 19° siècle ( 41 fois) et a toujours beaucoup de succès en librairie.
De plus, suivant Sade et Restif de la Bretonne, Musset fut le dernier auteur libertaire et libertin publié avant que ne tombe sur le monde la chape de la pudibonderie bourgeoise.



A ce sujet voici ce qu’en disait Pascal Pia:
« Après avoir fabriqué la révolution, trahit Napoléon et évincé ce qu’il restait de la royauté (Louis XVIII, Charles X), la Bourgeoisie prit enfin le pouvoir politique grâce à ce pauvre Louis-Philippe (roi des français) et puis en remettant sur le trône Napoléon III dit « le petit ».

On récrivit même l’histoire de France ( cf :Michelet) et puis l’on devint « catholique, apostolique et romain » et pour se concilier les bonnes grâces de l’Eglise plus aucun relâchement des mœurs ne fut toléré. »


Il est à craindre qu’avec les nouvelles « églises » américaines évangélisme et créationnisme , l’obscurantisme de l’extrémiste Benoit XVI, le couple Sarko-Boutin et la complicité de l’Opus Dei nous retrouvions très bientôt les mêmes privations de liberté au nom de la sainte Trinité.

Gamiani ou deux nuits d’excès

Premier chapitre


Minuit sonnait, et les salons de la comtesse Gamiani resplendissaient encore de l'éclat des lumières.
Les rondes et les quadrilles s'animaient, s'emportaient aux sons d'un orchestre enivrant. Les toilettes étaient merveilleuses, les parures étincelaient.



Gracieuse, empressée, la maîtresse du bal semblait jouir du succès d'une fête préparée et annoncée à grands frais. On la voyait sourire agréablement à tous les mots flatteurs, aux paroles d'usage que chacun lui prodiguait pour payer sa présence.



Renfermé dans mon rôle habituel d'observateur, j'avais déjà fait plus d'une remarque qui me dispensait d'accorder à la comtesse Gamiani le mérite qu'on lui supposait. Comme femme du monde, je l'eus bientôt jugée; il me restait à disséquer son être moral, à porter le scalpel dans les régions du cœur; et je ne sais quoi d'étrange, d'inconnu me gênait, m'arrêtait dans mon examen. J'éprouvais une peine infinie à démêler le fond de l'existence de cette femme dont la conduite n'expliquait rien.



Encore jeune, avec une immense fortune, jolie au goût du grand nombre, cette femme sans parents, sans amis dévoués, s'était en quelque sorte individualisée dans le monde. Elle dépensait seule une existence capable, en toute apparence, de supporter plus d'un partage.
Bien des langues avaient glosé, finissant toujours par médire; mais, faute de preuves, la comtesse demeurait impénétrable.
Les uns l'appelaient une Foedora, une femme sans cœur et sans tempérament: d'autres lui supposaient une âme profondément blessée et qui veut désormais se soustraire aux déceptions cruelles.



Voulant sortir du doute, je mis à contribution toutes les ressources de ma logique, mais ce fut en vain, je n'arrivai jamais à une conclusion satisfaisante.
Dépité, j'allais quitter mon sujet, lorsque, derrière moi, un vieux libertin levant la voix jeta cette exclamation:
- Bah! c'est une tribade.
Le mot fut un éclair, tout s’enchaînait, s'expliquait. Il n'y avait plus de contradiction possible.
Une tribade! Oh! ce mot retentit à l'oreille d'une manière étrange. Puis il élève en nous je ne sais quelles images confuses de voluptés inouïes, lascives à l'excès. C'est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée.
Vainement, j’écartai ces idées; elles mirent un instant mon imagination en débauche.
Je voyais déjà la comtesse nue, dans les bras d'une autre femme, les cheveux épars, pantelante, abattue, et que tourmente encore un plaisir avorté.
Mon sang était en feu, mes sens grondaient, je tombai comme étourdi sur un sofa.
Revenu de cette émotion, je calculai froidement ce que j'avais à faire pour surprendre la comtesse: il le fallait à tout prix.



Je me décidai à l'observer pendant la nuit, à me cacher dans sa chambre à coucher. La porte vitrée d'un cabinet de toilette faisait face au lit. Je compris tout l'avantage de cette position; et me dérobant derrière quelques robes suspendues, je me résignai patiemment à attendre l'heure du sabbat.



J'étais à peine blotti que la comtesse parut, appelant sa camériste, jeune fille au teint brun, aux formes accusées: “Julie, je me passerai de vous ce soir. Couchez-vous. Ah! si vous entendiez du bruit dans ma chambre, ne vous dérangez pas, je veux être seule”.



Ces paroles promettaient presque un drame. Je m'applaudissais de mon audace.
Peu à peu, les voix du salon s'affaiblirent; la comtesse resta seule avec une de ses amies, Mlle Fanny B***. Toutes deux se trouvèrent bientôt dans la chambre et devant mes yeux.


FANNY
Quel fâcheux contretemps! La pluie tombe à torrents, et pas une voiture!
GAMIANI
Je suis désolée comme vous; par malencontre, ma voiture est chez le sellier.
FANNY
Ma mère sera inquiète.
GAMIANI
Soyez sans crainte, ma chère Fanny, votre mère est prévenue, elle sait que vous passez la nuit chez moi. Je vous donne l'hospitalité.
FANNY
Vous êtes trop bonne en vérité. Je vais vous causer de l'embarras.
GAMIANI
Dites un plaisir. C'est une aventure qui me divertit... Je ne veux pas vous envoyer coucher seule dans une autre chambre, nous resterons ensemble.
FANNY
Pourquoi! Je dérangerai votre sommeil.
GAMIANI
Vous êtes trop cérémonieuse... Voyons, soyons comme deux jeunes amies, comme deux pensionnaires.
Un doux baiser vint appuyer ces tendres épanchements.
GAMIANI
Je vais vous aider à vous déshabiller. Ma femme de chambre est couchée, nous pouvons nous en passer. Comme elle est faite! Heureuse fille, j'admire votre taille!
FANNY
Vous trouvez qu'elle est bien ?
GAMIANI
Ravissante !
FANNY
Vous voulez me flatter.
GAMIANI
Oh! merveilleuse! Quelle blancheur! C'est à en être jalouse!
FANNY
Pour celui-là, je ne vous le passe pas: franchement, vous êtes plus blanche que moi.
GAMIANI
Vous n'y pensez pas, enfant!... Otez donc tout comme moi. Quel embarras! On vous dirait devant un homme. Là! voyez dans la glace... Comme Paris vous jetterait la pomme... friponne ! Elle sourit de se voir si belle... Vous méritez bien un baiser sur votre front, sur vos joues, sur vos lèvres... Elle est belle partout, partout...
La bouche de la comtesse se promenait, lascive, ardente, sur le corps de Fanny, interdite, tremblante. Fanny laissait tout faire et ne comprenait pas.
C'était bien un couple délicieux de volupté, de grâce, d'abandon lascif, de pudeur craintive. On eût dit une vierge, un ange, aux bras d'une bacchante en fureur.
Que de beautés livrées à mon regard, quel spectacle à soulever mes sens !
FANNY
Oh! que faites-vous? Laissez, madame, je vous prie...
GAMIANI
Non, non! ma Fanny, mon enfant, ma vie, ma joie! Tu es trop belle, vois-tu! Je t'aime! Je t'aime d'amour. Je suis folle!
Vainement, l'enfant se débattait, les baisers étouffaient ses cris. Pressée, enlacée, sa résistance était inutile. La comtesse, dans son étreinte fougueuse, l'emportait sur son lit, l'y jetait comme une proie à dévorer.
FANNY
Qu'avez-vous ! O Dieu ! madame ! mais c'est affreux!... Je crie, laissez-moi, vous me faites peur!
Et des baisers plus vifs, plus pressés, répondaient à ses cris. Les bras enlaçaient plus fort, les deux corps n'en faisaient qu'un.
GAMIANI
Fanny, à moi! à moi tout entière! Viens, voilà ma vie! Tiens, c'est du plaisir !... Comme tu trembles, enfant!... Ah! tu cèdes!...
FANNY
C'est mal! c'est mal! Vous me tuez !... Ah! je meurs.
GAMIANI
Oui, serre-moi, ma petite, mon amour! Serre bien, plus fort! Qu'elle est belle dans le plaisir, lascive! Tu jouis, tu es heureuse! Oh Dieu!
Ce fut alors un spectacle étrange. La comtesse, l’œil en feu, les cheveux épars, se ruait, se tordait sur sa victime, que les sens agitaient à son tour. Toutes deux se renvoyaient leurs bonds, leurs élans, étouffaient leurs cris, leurs soupirs, dans des baisers de feu.
Le lit craquait aux secousses furieuses de la comtesse.
Bientôt épuisée, abattue, Fanny laissa tomber ses bras. Pâle, elle restait immobile comme une belle morte.
La comtesse délirait. Le plaisir la tuait et ne l'achevait pas. Furieuse, bondissante, elle s'élança au milieu de la chambre, se roula sur le tapis, s'excitant par des poses lascives, bien follement lubriques, provoquant avec ses doigts tout l'excès des plaisirs.




Gamiani fut bien évidemment une véritable mine pour les illustrateurs voici donc les principaux:

Achille DEVERIA ( 1800 - 1857 )

Il était l'ami de Musset et de Georges Sand et il est vraisemblable qu'il illustra, à « la manière noire », la première édition en 1833, publiée en Belgique chez Poulet-Malassis et bien évidemment interdite en France.
Cet artiste "bohème" avant la lettre, fut le premier à s'installer à Montmartre où son atelier devint très vite le rendez-vous des "marginaux" de l'art officiel. Très connu pour ces dessins licencieux il parait que sa femme et ses sœurs lui servaient de modèles et ne faisaient pas que « faire semblant ».


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GAMIANI. Alfred de Musset Image013


A suivre.....




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Message par Invité Jeu 26 Fév 2009, 06:41

"C'est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée."
Musset aurait-il été jaloux en écrivant ceci ? Wink

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Message par cleis Jeu 26 Fév 2009, 22:27

Je pense pas que Musset ait été jaloux en écrivant ceci, si véritablement il l'a écrit ?
Gamiani pose beaucoup de questions depuis son écriture principalement pourquoi Musset avec la participation de Georges Sand, a-t-il écrit un tel ouvrage ?
Ce qui est certain c'est que cette oeuvre, en dehors de son coté de violence sexuelle est le révélateur d'une profonde crise de la moralité, des moeurs de la société du 19° et peut-être, oui les questions que pouvait se poser un homme au moment ou sexuellement les femmes étaient en train de se libérer.
Le débat est ouvert.
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