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Analyse sur "Les présidentielles et Ségolène Royal&quot

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Message par Invité Mar 20 Fév 2007, 12:06

Les présidentielles et Ségolène Royal
Les enfants d’Athéna


par Françoise Duroux, Université de Paris VIII

« Le Roi a fait battre tambour pour voir toutes ses dames....
La Reine a fait faire un bouquet de belles fleurs de Lyses
Et la senteur de ce bouquet a fait mourir la Marquise »


Le « Phénomène Ségolène » suscite une multitude d’interventions en forme de réaction, de comment-taire ou encore de fleurs empoisonnées offertes à la favorite par l’épouse légitime du Roi.

Qui est le Roi ? Comme chacun sait, son corps est incertain : ici celui de la République, Marianne. Chacun et chacune y va donc d’une interprétation justifiant le parti-pris : pour ou contre.

- On trouve d’abord les argumentaires grossièrement « machistes » dont les hommes n’ont pas le monopole.

La féminité et l’énumération de ses propriétés bien connues : incompétence, bêtise, naïveté de Bécassine, coquetterie du sourire et des escarpins. S’est-on un instant posé question au sujet de la mascarade de la masculinité ? le look viril, énergique, tranchant et souverain par nature ?

Louis XIV lança la mode des talons pour mettre en valeur sa jambe et rehausser sa taille : plumes de la phallocratie.

- Viennent ensuite les « sages », psychanalystes entre autres.

Sur un ton fondamentaliste Charles Melman (Le Monde8 Décembre 2006) déplore le « déclin de la figure paternelle » à la manière de Frédéric Le Play qui en appelait au Décalogue face à la décadence des moeurs, dans les années 1860.

Mais il regrette aussi la désinvolture de Ségolène à l’égard des « représentants » respectables de l’opinion publique. Car - n’est-ce pas - le peuple est émotif, exposé à toutes les séductions. Il convient donc que s’interposent des experts raisonnables.

« Les députés du peuple ne sont et ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires » (« Le Contrat social » Livre III ch. 15). J.J. Rousseau anticipait la tentation des professionnels de la politique à pantoufler dans leur charge ; de cette tentation il avait d’ailleurs exempté les femmes : Sophie, préposée aux soins et au bien-être de son époux citoyen, Emile.

La « démocratie participative », les Jurys citoyens », qui pourraient remplacer les « corps intermédiaires », savants ou élus, déclenchent un cauchemar totalitaire.

Les « Autorités sociales » seraient-elles susceptibles d’examen ?

À l’homme aux ciseaux de Pierre l’ébouriffé se substituerait la « mère sévère », le « crocodile ». Un Fürher reste préférable à une Tsarine, dans le style de Catherine II ou d’une Reine, dans le style de Christine de Suède.

Plus près de nous, dans le fonctionnement effectif des élections « démocratiques », il convient de se reporter au bilan des effets de la Loi sur la Parité, dans les « corps intermédiaires », les Partis. Car de la souveraineté de leur fonction , trop souvent confondue avec leur organe, les « élus » sont jaloux.

- Se répand enfin, insidieusement, le venin, innocemment injecté dans la pomme offerte à Blanche-Neige : celui des marâtres, des Mères privées de trône.

Antoinette Fouque, dans un éloge immodéré, crédite Ségolène Royal « des vertus de la République et des vertus théologales » (Marianne, 2/8 Décembre 2006). Marie, Mère du Christ et de la République, priez pour nous. « La Nature est appelée au secours », comme disait Virginia Woolf. Mais dans quel dessein ? L’« essentialisme » est un cadeau enrobé de sirop sucré et de fiel.

Et il ne faut pas confondre les propos de la femme du Chef sur le « couple procréatif » (Sylvianne Agazinscki Politique des sexes) désormais agrémentés de quelques colifichets fleurant bon la pédantocratie. La Politique s’est transmuée en Métaphysique des sexes.(« Masculin/Féminin aux sources du christianisme ») avec ceux de la candidate.

Ce n’est ni en Mère de la Nation, ni en Marianne que se présente Ségolène Royal ; tout simplement en citoyenne, responsable de choix politiques internationaux et intérieurs, avec, sans doute un souci, une vision des « Marginales », comme disait Virginia Woolf.

Cette marginalité, à entendre au sens fort
- délivre des « loyautés artificielles » : Ségolène n’a pas demandé de permission ou d’adoubement aux « corps intermédiaires », aux Eléphants du PS, qui ne se privent pas de faire des crocs en jambe.
- Elle autorise une position surprenante, que Virginia appelait depuis la sienne, en 1939 : la situation d’impuissance où se trouvait « l’espèce des femmes », ainsi nommée depuis Hésiode pour « éviter la guerre » autrement qu’en interposant leurs corps de M§res entre les combattants.
- La position de Ségolène Royal hérite de ces réclamations d’un dû (Claim), d’Antigone et Lysistrata, des desesperadas du terrorisme allemand (Ulrike Meinhoff) perdues dans un androgynat sans repères : folle, monstrueuses, comme disait Créon.

Elle passe par la tradition d’ancêtres célèbres : Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt ; on leur a coupé la tête, avec la guillotine ou l’asile psychiatrique.

Elle passe encore par les déclarations des féministes radicales les plus rigoureuses : « Pour améliorer leur condition, ces individus qu’on définit aujourd’hui comme femmes doivent détruire la définition de leur être ». (Ti-Grâce Atkinson « Déclaration de guerre », Avril 1969). Mais il est, espérons-le, possible désormais de la tenir.

Pour « qualifier » cette position, il faut d’abord l’émanciper des définitions portées du « féminin » : douceur maternelle, idiotie, incompétence et incapacité inscrites dans le Droit aux chapitres de la minorité juridique dont se déduit « naturellement » la minorité politique.

La position ne peut être réduite aux qualités disqualifiées du « féminin ».

L’hagiographie du maternel et des vertus féminines spécifiques, que Georges Simmel appelait au secours de la civilisation en perdition, consonne avec la vindicte patriarcale et maintenant phallocratique : duo archaïque.

Elle a aujourd’hui une chance, qui n’est pas une chance, d’être tenue. Pas une chance ou un hasard, mais le « produit » de l’histoire et des quêtes répétées, par les femmes, du droit de parole et de cité.

Reste que Ségolène Royal l’a fait, peut-être à l’aveuglette.

C’est une surprise pas divine du tout.

Ce « Faire » la situe dans la position improbable où elle s’échappe d’un imaginaire sur lequel tous conspirent à la réduire par un « acte » qui prend tout Le Mondeau dépourvu. Elle a fait plus en six mois que les Dames qui négocient éternellement et agréablement avec les Messieurs, au nom de l’universel, du ventre et de la galanterie. (Je passe sur le libertinage, spécialité française) Il n’est plus criminel, mais demeure périlleux, comme celui du funambule qui marche sur deux fils : le politique bien tendu, le partage des sexes effiloché à force de se frotter aux classes, aux races et à ses assignations tutélaires.

Il s’agit de rien moins que retresser les lois, couper le nœud gordien qui attache les femmes à leur lit, mettre un point final à l’erreur fondatrice des « politiques », tant d’Occident que d’Orient, dont sourdent tous les malentendus bien connus.

Dire que ces malentendus relèvent du politique signifie d’un même mouvement que le « politique » ne se limite pas à un territoire bien gardé (les custodes ou les opritchniks) par les hommes, et que les mésententes, souvent violentes et mêmes mortelles, sont aussi peu « essentielles » que les fantasmes.

Comment définir cette position, pour qu’elle soit susceptible de « qualification » dans le sport politicien ? le Décathlon présidentiel, course de fond, d’obstacles, sprint, lancer du javelot... et du marteau.

Ségolène a passé victorieusement quelques épreuves préliminaires : elle est qualifiée.

Certains et certaines contestent la qualification. Avec Françoise Héritier (« Le Monde« Supplément 3 Févier 2007) et avec Nicole Loraux (trop tôt disparue et à qui j’emprunte le titre de ce texte), je tiens à dire que cette « position », sa qualification est celle de l’« andreia » des femmes, que ridiculisait Aristophane avec les armes de l’obscénité.

Andreia : vertu virile, courage, virtù, comme disait Machiavel ?

Simplement : détermination active, inventive, du point de la marginalité contrainte ; « exclusion incluse », disait Nicole Loraux, marginales qui ont « pensé en remuant les casseroles et secouant les berceaux », disait Virginia Woolf. Nul n’est autorisé à préjuger des actes qui peuvent s’ensuivre : irréductibles à de commodes stéréotypes.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 février 2007

http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2608

je ne l'ai que survolé mais ça me parait une analyse intéressante sur le sexisme ambiant dont souffre la première candidate femme aux présidentielles françaises.

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Message par Nonette Mar 20 Fév 2007, 23:17

Ouep, chuis bien d'accord, même si j'ai pas tout compris à ce texte dont le style est un peu fouillis à mes yeux, même pour une sociologue, à relire pour s'approprier les catégories et exemples, merci Martina. En voici un autre du genre, ah ah. C'était dans Libération le 13 février, j'l'ai pécho

Le sexisme en campagne

Par Eric Fassin sociologue, professeur à l’Ecole normale supérieure.

Sur les murs de Paris, une affiche porte un éclairage cru sur la campagne actuelle. La rose entre les dents, un homme en tenue d’apparat fixe le passant ­ il tient par la main une femme brune, vêtue d’un tailleur blanc, qui nous tourne le dos. Face au comique Gérald Dahan, comme entraînée dans la danse, la silhouette féminine évoque, on s’en doute, Ségolène Royal. Le spectacle s’intitule : «Erection présidentielle». Au cas où la plaisanterie nous aurait échappé, la publicité précise : «Du jamais vu ! Une femme représente le Parti socialiste lors de l’élection majeure. La classe politique est tout excitée.» Et de mettre finement en garde, dans un entretien diffusé sur Internet, contre la «débandade» à venir.

Après le canular qu’il avait infligé à la candidate du Parti socialiste, en se faisant passer pour le Premier ministre du Québec, on s’était bien sûr interrogés sur les liens de l’imitateur avec Nicolas Sarkozy. Mais les enjeux partisans ne doivent pas occulter le sexisme dont se nourrit, et qu’alimente en retour, cette gauloiserie bien de chez nous : c’est d’un bon coup que se vante l’humoriste pour lancer son spectacle. La candidate, il l’a possédée ­ et l’on imagine aisément un registre plus explicite. L’incident n’est pas isolé : lorsque sur RMC un journaliste, Jean-Jacques Bourdin, parvient à coincer Ségolène Royal, condamnée à trahir son ignorance du nombre de sous-marins nucléaires français, ce qui nous est signifié, c’est qu’il l’a eue, qu’il se l’est faite. En se plaçant sur le terrain viril de l’armement, ne l’a-t-il pas renvoyée à son statut de faible femme ?
L’essentiel, ce ne sont pourtant pas ces assauts médiatisés de personnages jusqu’alors peu connus. C’est que l’assignation au rôle féminin a marché. La candidate aurait pu et même dû refuser de répondre ; mais si elle se laisse faire, ou plutôt se fait avoir, et commet l’erreur de hasarder un chiffre, c’est qu’elle est gagnée par le doute. Bien sûr, un autre n’aurait peut-être pas été plus compétent ; mais lui, n’aurait pas été entraîné sur ce terrain, ou il se serait senti légitime pour ne pas s’y laisser mener. Ce que montre la vidéo de l’entretien, c’est que la candidate se trouve atteinte par l’entreprise d’intimidation : au moins un instant, la voici entamée par le jugement du sexisme ordinaire.C’est ainsi que fonctionne toujours la domination ­ et en l’occurrence, la domination masculine. Les normes que nous incorporons par notre expérience sociale nous assignent des places dans l’ordre sexuel. Nous ne sommes pas en mesure d’en faire abstraction, tant elles s’imposent à nous. La violence symbolique peut faire l’économie de la violence physique : il s’agit bien d’une hiérarchie de légitimité intériorisée. L’intervieweur pouvait se sentir autorisé par sa masculinité, alors même qu’il n’est pas plus savant que l’interviewée. En revanche, à force, ce ne sont pas seulement ses adversaires ou ses concurrents, ni ses alliés et soutiens, c’est la candidate elle-même qui a perdu de son assurance.

D’ailleurs, Ségolène Royal n’ose plus crier au sexisme, au moment même où elle le subit de plein fouet. Il y a quelques mois encore, face à ses adversaires socialistes, on sait qu’elle n’hésitait pas à user de cette arme politique. Certains diront qu’à force de crier au loup, nul ne l’écouterait plus. Mais c’est bien autre chose qui se joue aujourd’hui : dénoncer le sexisme impliquait d’être et de se mettre en position de lui résister. Au fil de la campagne, Ségolène Royal s’est vu remettre à sa place par les incidents sexistes, et elle risque d’y succomber. A répéter désormais sans cesse qu’elle est une «femme debout», ne nous suggère-t-elle pas combien, en politique, cette alliance de mots n’a rien d’évident ?

A en croire certains, «elle l’a bien cherché», en jouant sans vergogne de la séduction féminine, plutôt que d’un féminisme authentique. Mais c’est contre un tel discours, les féministes nous l’ont appris, qu’il faut protéger les victimes de violences sexistes, jamais suffisamment innocentes des mauvais traitements qu’elles subissent… Certes, pour l’instant, les autres candidates ne déchaînent pas la même virulence. Corinne Lepage, Marie-George Buffet ou Arlette Laguiller n’empruntent pas au même registre : elles n’en ont pas les inconvénients, mais pas non plus les bénéfices. On se demandera donc si un tel succès ne les exposerait pas tout autant ­ comme Dominique Voynet confrontée au machisme lorsqu’elle était ministre, et non quand elle se retrouve au plus bas dans les sondages. Le sexisme serait alors la rançon du pouvoir des femmes : Edith Cresson en reste la figure emblématique.

Mais avec Ségolène Royal, on voit se refermer le piège de la politique des sexes à l’heure de la parité. C’est parce qu’elles n’étaient pas censées être des hommes politiques comme les autres que les femmes se sont vu reconnaître une place. Il ne s’agit pas tant de «différence» féminine que de «proximité» citoyenne : être femme, ce serait être proche des gens ­ donc éloignée du microcosme politique. Au moment même où la parité vise à promouvoir les femmes, la féminité se trouve ainsi redéfinie comme le supplément d’âme de la politique, son envers. L’historienne américaine Joan W. Scott l’a montré, et les enquêtes sur la parité le confirment : c’est sur la «crise de la représentation» qu’est fondée la présence des femmes, qui ont vocation à représenter la «société civile» dont l’absence hante la politique.

C’est bien sûr cette image qu’a surfé Ségolène Royal : en se targuant de n’avoir pas réponse à tout, d’être moins professionnelle, que Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius, elle prétendait se montrer plus proche des citoyens. Ce n’est donc pas un hasard si la présidentiable socialiste a choisi de s’identifier à la «démocratie participative», prolongement naturel du créneau réservé aux femmes : la société civile. Ce que les politiques reprochent aujourd’hui à Ségolène Royal, ce n’est pas son positionnement, sur lequel il y aurait pourtant beaucoup à dire ­ car déplorer son «vide» politique, c’est ne rien dire de son conservatisme de gauche. Et de s’en prendre plus volontiers à son incompétence supposée, à son manque de professionnalisme présumé.

C’est ce qui faisait son succès hier encore : n’être pas un homme politique comme les autres ­ pas un homme, donc pas tout à fait politique. Qu’on la célèbre naguère ou qu’on la dénonce depuis peu, c’est la même illusion : cette énarque qui a fait une longue carrière politique n’incarne pas plus ni moins qu’un autre la société civile, et elle n’est ni plus ni moins professionnelle ou compétente qu’un autre. La voici prise dans les mâchoires d’un piège qui encourage les femmes à s’élever en jouant d’une féminité censée les rapprocher des «vraies gens» pour mieux les écarter ensuite du pouvoir. C’est la ruse de la raison sexiste que découvre Ségolène Royal : pour les femmes politiques en France, les conditions du succès risquent d’être aussi celles de leur disqualification.

Nonette
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Message par Invité Dim 18 Mar 2007, 19:32

Vrai qu'il est fouillis l'article que j'ai mis, en plus je ne connais pas toutes les références mythologiques et autres.
L'analyse de Fassin est beaucoup plus claire, ça aurait été chouette si Ségo avait pu répondre sur le fait d'être une femme répondre " et alors ?! " et ne pas tomber dans le piège d'en jouer ( séduction , bonne maman etc...,)mais bon pas sûr qu'une autre aurait pu l'éviter tant la situation est malheureusement si exceptionnelle dans cette société sexiste.


Ockrent s'est penchée aussi sur ce sujet ds son dernier bouquin .



http://www.humanite.presse.fr/journal/2007-03-08/2007-03-08-847298

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Message par Nonette Dim 01 Avr 2007, 17:30

J'ai reçu ça. Je ne partage pas nécessairement (ou peut-être ou si, telle n'est pas le question) le contenu du texte, c'est pour alimenter le trépidant débat ou tout du moins les réflexions de chacune.

Texte trouvé sur A-Infos:
http://ainfos.ca/fr/ainfos06578.html

POURQUOI NOUS, FEMINISTES,N’APPELONS PAS À VOTER ROYAL
…ni pour qui que ce soit d’autre…

La médiatisation de la candidature de Royal à la présidence de la
République révèle un fait que certain-e-s peuvent oublier : le sexisme est présent dans les médias, dans le milieu politique et dans la société en général. Déjà, l’opposition « Sarko » et « Ségo » (et non « Nico » et « Royal » par exemple…) dénote du paternalisme ordinaire que les médias (et les hommes en général) réservent aux femmes, en les appelant volontiers par leur seul prénom. De nombreuses attaques contre Royal mettent en cause ses capacités présidentielles en tant que femme. Les médias préfèrent rabâcher les erreurs qu’elle commet et passer sous
silence celles de ses homologues hommes. Pour tenter de décrédibiliser les femmes, il est classique de les faire passer pour des cruches (ou sinon pour des salopes).

Le genre féminin de Royal est mis en avant par ses détracteurs, mais il est aussi brandi comme un label « qualité » par ses partisans. Les arguments selon lesquelles une femme apporte du neuf, mène une politique plus « humaine », fait preuve d’attention et d’empathie… véhiculent une vision essentialiste des genres. Déjà, il n’y a rien de « naturel » ou de biologique dans les différences psychologiques entre femmes et hommes. Et puis, les politiciennes ont intégré la même culture machiste que les politiciens : elles défendent avant tout les intérêts du pouvoir. Les patrons sont-ils devenus plus doux et compréhensifs depuis
qu’ils sont représentés par une femme (Laurence Parisot au MEDEF) ?
L’armée est-elle plus aimable et plus pacifiste depuis qu’une femme
(Michèle Alliot-Marie) est ministre de la Défense ? L’élection d’une
présidente de la République pourrait surtout apporter l’illusion que « ça y est, l’égalité est acquise, on peut arrêter les luttes. »

Ceux et celles qui penseraient qu’élire une femme est une démarche féministe devraient examiner d’un peu plus près la politique de Royal.
Ses positions sont en fait plus proches de la droite conservatrice que du féminisme. Elle glorifie la maternité : « Si l’égalité n’est pas
encore acquise, les valeurs féminines n’ont plus honte de s’affirmer.
Le désir d’enfant a remplacé l’IVG et la morale du libre choix supplante l’égalitarisme obsessionnel. » (Le Monde, 10 mars 1990).
Lorsqu’elle était au ministère de la Famille et de l’Enfance
(1998-2001), elle a appliqué une politique aux relents puritains, en
censurant notamment une campagne de prévention contre le Sida pour les ados. Encore aujourd’hui, Royal défend des ideés homophobes: « la famille, c’est un père et une mère » affirmait-elle au Parisien (23 février 2006). La poignée de mesures destinées aux femmes dans son programme actuel ressemble bien à de l’opportunisme : le soutien d’un service public de la petite enfance (pour garder notre deuxième place dans le peloton européen des pays à forte natalité ?), une loi cadre contre les violences (c’est consensuel…), la gratuité de la contraception jusqu’à 25 ans (et après, sommes-nous obligées de tomber enceinte ? Peut-être croit-elle que l’on devient moins précaire avec le temps…).

Le marketing du « produit » Royal joue à fond la carte de la séduction féminine. Si la candidate est « belle-et-mince», elle le doit sans doute à sa coach, la directrice générale du groupe publicitaire Ogilvy & Matters, dont la campagne pour Dove en 2005 est restée dans les mémoires féministes : celle-ci avait reçu le prix du décervelage remis par le Collectif contre le Publisexisme et par les Publicidaires.
Mais la campagne de Royal s’appuie aussi en grande partie sur son image de mère. « Ce sont les femmes qui transmettent la parole, l’éducation, les valeurs, la qualité de la nourriture. Dès lors qu’on les fragilise, qu’on les humilie, qu’on les violente, qu’on les écarte, qu’on les voile, alors elles ne peuvent plus accomplir dignement leur métier de femme et leur métier de mère » a-t-elle déclaré à l’émission Ripostes, sur France 5, en décembre 2006.

C’est donc en tant que mère ayant élevé quatre enfants, qu’elle
revendique des compétences pour diriger la nation. Etre présidente, c’est s’occuper de la population comme une maman s’occupe de ses rejetons... Maman Royal est le pendant féminin de Papa Sarkozy, figure du père viril et implacable. Tous deux misent sur la séduction, l’une par le sourire perpétuel, l’autre par une attitude de cow-boy.
Tous deux mettent en avant la confiance (Royal place en tête de ses propositions « la confiance retrouvée ») en même temps qu’un ferme autoritarisme. Une main de fer dans un gant plus ou moins rêche... Nous nous retrouvons dans la position de l’enfant devant choisir entre papa et maman, et qui est obligé d’obéir. Comme l’enfant a intériorisé l’idée selon laquelle il n’est rien sans ses parents, nous pensons n’être rien sans nos dirigeant-e-s. Avons-nous besoin d’une maman protectrice, « toujours du côté des victimes » et gardienne de « l’ordre juste » ?
Nous ne voulons pas de Maman Royal ! (ni de Papa Sarkozy ni de Tonton Bayrou).

Pour venir à bout du sexisme, de l’homophobie, de la lesbophobie..., ne comptons pas sur le pouvoir, mobilisons-nous !

Pour en finir avec le patriarcat, seule la lutte paye !
Réapproprions-nous nos vies !

Collectif Contre le Publisexisme 145 rue Amelot - 75011 Paris
contrelepublisexisme(a)samizdat.net http://publisexisme.samizdat.net

(Tract diffusé le 24 mars 2007, lors de la manif contre les Violences
faites aux femmes.)


****
Bon ça fait du bien un petit pavé un peu anar' qui rappelle de choses justes à mon sens. Pour ma part le vote Royal ne sera s'il a lieu qu'un vote "contre" l'autre ordure, et éventuellement en dissociant un peu la personnalité derrière la candidate d'un parti, portée donc par d'autres lames de fond, à peine moins réac' mais bon. Toujours est-il que s'il est question de sexisme dans cette campagne, je crois que nous avons bien compris que l'anti-sexisme n'était pas incarné dans le vote Royal.

Nonette
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Message par Invité Sam 07 Avr 2007, 11:51

Je crois maintenant qu'un certain équilibre entre se servir du fait d'être femme et de s'en tenir à un programme politique est quasi mission impossible, on peut même se demander ce que foutent ses conseillers en com vu que même le slogan "la france présidente" joue avec le genre féminin de Royal sans parler du populisme qu'il y a derrière. On dit que c'est elle qui l'a choisi...

En même temps, je ne peux que me réjouir quand Royal parle d'Olympe de Gouges qu'elle fera entrer au Panthéon si elle est élue, l'est qd même fort ce geste symbolique non ? Une candidate est forcément plus sensibilisée à la cause des femmes que les autres.


Un billet de blog bien intéressant sur le sujet avec tous les commentaires qui s'ensuivent:
http://crisedanslesmedias.hautetfort.com/archive/2007/02/07/sexisme.html

Aussi http://desmotsetdebats.blogs.liberation.fr/discours/

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Message par Nonette Mer 11 Avr 2007, 10:45

Si y a quelqu'un qui sait pas quoi faire aujourd'hui, qu'est abonnée aux archives de Libé ou genre, une petite recherche dans l'édition d'hier (mardi 10 avril) y avait un dossier les "Femmes et le pouvoir" avec des bons trucs, franchement, ce serait chouette de faire un copier/coller pour ici. Enfin si ça intéresse des meufs ces bidules féministes, pour ma part je suis de plus en plus vénère avec ça, ça sent l'hystérique radicalisante Analyse sur "Les présidentielles et Ségolène Royal&quot Vieille03

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