Les trucs écrits qui vous ont marqués

A l'age de onze ans, ma mère m'a placardé ce classique dans ma chambre en me précisant qu'il fallait juste remplacer "tu seras un homme mon fils" par "tu seras une femme ma fille":

Si...

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !

Rudyard Kipling


... l'ayant eu sous les yeux pendant des années, forcément ça a eu une certaine influence...

et vous, quels sont les trucs que vous avez lu qui vous ont donné l'impression que ça avait changé la direction que vous preniez?

excellent...

superbe

j'ai pas le souvenir de poème ou truc dans le genre qui m'ont marquer mais plutôt des livres.

les livres, ça marche aussi...

"La logique sans peine" de Lewis Carroll... lu au lieu de réviser pour le Bac (encore la faute de ma mère, qui me l'avait filé pour les révisions philo) ... j'ai quand même eu mon bac (au rattrappage ) et j'ai jamais regretté la lecture: j'ai pas réfléchi pareil après...

ok, tu veux juste qu'on donne les titres ou aussi que l'ont mettent des passages du livre ? pour certain je peut mais pour d'autre non.

totalement libre comme topic...

... un jour, sur le mur d'une gare:

"Après le Band-aid et le Ferry-aid, voici maintenant le skin-aid: offrez leur un cerveau"

ok

"Après le Band-aid et le Ferry-aid, voici maintenant le skin-aid: offrez leur un cerveau"

offrons-leur d'abord un stage pour leur apprendre a s'en servir avant de leur offrirent.

Un petit texte que l'on m'a écrit il y a quelques mois...

"Dans cette nuit sans sommeil, dans ce pays de merveilles, nous sommes sur un nuage d'où nous ne redescendons pas.
Plongées dans l'obscurité d'un rouge à faire pâlir les moins timides, nous signons un pacte d'agressions mutuelles ; nous y voilà, la guerre est déclarée !

De tes assauts effrénés à mes tentatives d'offensives, de tes luttes acharnées à mes stratégies longuement calculées, je dois bien l'avouer, tu as brillamment gagné !

Vidée de ma substance, essouflée par ta rapidité, étourdie par ton tact et ton savoir-faire, je m'échappe de moi-même, je ne suis plus qu'une chenille tortillante !
Mon corps t'appartient, je suis à ta merci, l'objet de tous tes désirs...

Malgrè cette magnifique victoire, toi, ma belle rivale, tu as pris soin de mon corps blanc et fragile.
Aprés avoir mouillé mes lèvres desséchées, tu m'as délicatement nourri. Un petit lit douillet, éclairé par une bougie scintillante, se tenait prêt à recevoir mon sommeil plein de rêveries.

Cette nuit là, ma douce adversaire, tu es devenue ma meilleure ennemie...

Elévation de Charles Baudelaire

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Le saviez-vous? Moi je l'apprends.

Baudelaire était un sombre phallocrate qui pensait que les lesbiennes étaient des femmes damnées, exclues du Paradis et de la société. Il s'est opposé au courant d'émancipation des femmes au XIXème.

Pensez que son poème « Elévation » a toujours sonné à mes oreilles comme un appel à l'ouverture, au dépassement des idées reçues et des barrières sociales, et que c'est ce ressenti qui m'a permis de laisser libre court à mon amour pour une femme....belle ironie du sort!!

Qoui????!!!! Mais comment est ce possible ses poème parlant des lesbiennes justement semblaient plutôt les soutenir que les enfoncer... Cela me semble incroyable mais je remet pas en cause ta parole je suis juste surprise...

Heum sinon il y a plusieur livre qui m'ont particulièrement changé, mais j'ai toujours était sensible au livre en même temps. Dernièrement il y a eu le livre de Gandhi sur la non-violence et le film sur sa vie qui m'ont bouleversé et ont changé ma vision des choses. Il y aussi le livre qui m'a donné la passion du théâtre de l'opprimé: "Le théâtre de l'opprimé" Augusto Boal. Et l'intégrale des pièces d'Heinrich von Kleist car elles m'ont fait énormément vibrer (surtout Penthésilée, l'une des première pièce que j'ai joué).

chu pas bien, vieille, mais c'est une chanson de reggiani que ma merre m'a fait écouter il y a quelques années, apres quelques années douloureuses entre nous, ces mots ont réussi à me chambouler de l'intérieur, enfin, on en voit ce qu'on en veut, ils m'ont marqué en tout cas...

Ma fille, mon enfant
Je vois venir le temps
Où tu vas me quitter
Pour changer de saison
Pour changer de maison
Pour changer d'habitudes
J'y pense chaque soir
En guettant du regard
Ton enfance qui joue
A rompre les amarres
Et me laisse le goût
D'un accord de guitare

Tu as tant voyagé
Et moi de mon côté
J'étais souvent parti
Des Indes à l'Angleterre
On a couru la Terre
Et pas toujours ensemble
Mais à chaque retour
Nos mains se rejoignaient
Sur le dos de velours
D'un chien qui nous aimait
C'était notre façon
D'être bons compagnons

Mon enfant, mon petit
Bonne route... Bonne route
Tu prends le train pour la vie
Et ton cœur va changer de pays

Ma fille, tu as vingt ans
Et j'attends le moment
Du premier rendez-vous
Que tu me donneras
Chez toi ou bien chez moi
Ou sur une terrasse
Où nous évoquerons
Un rire au coin des yeux
Le chat ou le poisson
Qui partageaient nos jeux
Où nous épellerons
Les années de ton nom

A vivre sous mon toit
Il me semble parfois
Que je t'avais perdue
Je vais te retrouver
Je vais me retrouver
Dans chacun de tes gestes
On s'est quittés parents
On se retrouve amis
Ce sera mieux qu'avant
Je n'aurai pas vieilli
Je viendrai simplement
Partager tes vingt ans

Mon enfant, mon petit
Bonne route... Bonne route
Sur le chemin de la vie
Nos deux cœurs vont changer de pays

" C'est une belle chose, la destruction des mots. Naturellement, c'est dans les verbes et les adjectifs qu'il y a le plus de déchets, mais il y a des centaines de noms dont on peut aussi se débarrasser. Pas seulement les synonymes, il y a aussi les antonymes. Après tout, quelle raison d'exister y-a-t-il pour un mot qui n'est que le contraire d'un autre ? "

(personnage de Syme, dans 1984, de Georges Orwell).