Pour vivre heureux, vivons divorcés ?
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Pour vivre heureux, vivons divorcés ?
Pour vivre heureux, vivons divorcés ?
ANNE-SOPHIE LEURQUIN
mardi 25 octobre 2011, 17:27
En Suède, le livre « Happy Happy, un livre sur le divorce », sorte de manifeste sur les joies de la séparation, heurte les consciences. Pourquoi un tel déchaînement de passions ?
Sans être pour autant une apologie du divorce, le livre de Maria Sveland et Katarina Wennstam fait apparaître une convergence de vues dans les témoignages qu’il compile. Pour la dizaine de Suédoises qu’elles ont interrogées, le divorce est plutôt vécu comme un soulagement voire une libération après coup.
La moyenne européenne, en matière de divorces et de mariages, est de 1 contre 2. Soit un mariage sur deux, dans l’Union, qui se conclut par un divorce. Idem en Suède où près de la moitié des mariages capotent (22.000 divorces pour 50.000 mariages en moyenne). Partant de ces constats chiffrés, les auteurs sont parties à la rencontre de femmes, romancières, journalistes, actrices, politiciennes, toutes divorcées et toutes heureuses. Le but de cette anthologie était de « se distancer de l’image noire et univoque du divorce qui prévalait jusque-là », se justifie Maria Sveland. Selon elle, séparation ne rime pas forcément avec échec, culpabilité, ressentiment, galère… « Nous avons voulu compléter le tableau et aussi évoquer la joie et la force qui peuvent émaner d’un divorce », poursuit-elle.
La garde alternée peut aussi avoir du bon. Les femmes interrogées évoquent toutes le plaisir de retrouver du temps pour soi : tandis que les enfants sont chez leur père, les mères en profitent pour faire du sport, voir des amis, retomber amoureuse…
Voilà ce qui a soulevé les passions en Suède. Pour bon nombre de commentateurs, ces femmes sont insensibles, négligent la souffrance de leurs proches, et spécialement de leurs enfants qui trinquent réellement tandis que leurs mères jouissent de leur liberté retrouvée. « La majorité des femmes “Happy“ se sont séparées uniquement pour pouvoir faire la fête, partir en charter et coucher ici et là sans inquiétude », dénonce ainsi Natalia Kazmierska dans le journal Aftonbladet. Un réquisitoire sévère et sans appel pour ces femmes qui se démènent à temps plein quand elles ont la garde de leurs enfants et soufflent un peu le reste du temps…
Le moins qu’on puisse dire cet que « Happy Happy, un livre sur le divorce » jette un pavé dans la mare d’une société qui compte pourtant parmi les plus égalitaires du monde.
Maria Sveland dit avoir été surprise par la virulence des réactions à son livre. Selon elle, « si un homme avait écrit qu’il appréciait les semaines où les enfants sont chez leur mère, on l’aurait félicité d’être un homme aussi moderne et un papa aussi fantastique, qui s’occupe de ses enfants une semaine sur deux ».
Ces réactions outrées sont-elles donc le signe d’un conservatisme outrancier ? L’auteur le pense, qui les rapproche du mouvement Tea Party aux Etats-Unis. Mais aussi sans doute d’un machisme larvé… Qui n’est pas spécifiquement suédois. Dans le dernier numéro de la revue Ravages, intitulé « Mauvais genre », Marie-Joseph Bertini, chercheuse en sciences de la communication, a étudié les cinq étiquettes collées aux femmes et (abondamment) relayées dans les médias : égérie, muse, mère, madone, pasionaria. « Ces expressions médiatiques constituent autant de moyens de maintenir les femmes au plus près de leurs fonctions dites naturelles, c’est-à-dire le maternage, l’inspiration, la médiation, quand ce ne sont pas leurs glandes, leur ubris, c’est-à-dire cette démesure passionnée qui leur ôte tout contrôle sur elles-mêmes et donc toute prétention à contrôler les autres et à exercer de véritables pouvoirs », souligne la chercheuse.
ANNE-SOPHIE LEURQUIN
mardi 25 octobre 2011, 17:27
En Suède, le livre « Happy Happy, un livre sur le divorce », sorte de manifeste sur les joies de la séparation, heurte les consciences. Pourquoi un tel déchaînement de passions ?
Sans être pour autant une apologie du divorce, le livre de Maria Sveland et Katarina Wennstam fait apparaître une convergence de vues dans les témoignages qu’il compile. Pour la dizaine de Suédoises qu’elles ont interrogées, le divorce est plutôt vécu comme un soulagement voire une libération après coup.
La moyenne européenne, en matière de divorces et de mariages, est de 1 contre 2. Soit un mariage sur deux, dans l’Union, qui se conclut par un divorce. Idem en Suède où près de la moitié des mariages capotent (22.000 divorces pour 50.000 mariages en moyenne). Partant de ces constats chiffrés, les auteurs sont parties à la rencontre de femmes, romancières, journalistes, actrices, politiciennes, toutes divorcées et toutes heureuses. Le but de cette anthologie était de « se distancer de l’image noire et univoque du divorce qui prévalait jusque-là », se justifie Maria Sveland. Selon elle, séparation ne rime pas forcément avec échec, culpabilité, ressentiment, galère… « Nous avons voulu compléter le tableau et aussi évoquer la joie et la force qui peuvent émaner d’un divorce », poursuit-elle.
La garde alternée peut aussi avoir du bon. Les femmes interrogées évoquent toutes le plaisir de retrouver du temps pour soi : tandis que les enfants sont chez leur père, les mères en profitent pour faire du sport, voir des amis, retomber amoureuse…
Voilà ce qui a soulevé les passions en Suède. Pour bon nombre de commentateurs, ces femmes sont insensibles, négligent la souffrance de leurs proches, et spécialement de leurs enfants qui trinquent réellement tandis que leurs mères jouissent de leur liberté retrouvée. « La majorité des femmes “Happy“ se sont séparées uniquement pour pouvoir faire la fête, partir en charter et coucher ici et là sans inquiétude », dénonce ainsi Natalia Kazmierska dans le journal Aftonbladet. Un réquisitoire sévère et sans appel pour ces femmes qui se démènent à temps plein quand elles ont la garde de leurs enfants et soufflent un peu le reste du temps…
Le moins qu’on puisse dire cet que « Happy Happy, un livre sur le divorce » jette un pavé dans la mare d’une société qui compte pourtant parmi les plus égalitaires du monde.
Maria Sveland dit avoir été surprise par la virulence des réactions à son livre. Selon elle, « si un homme avait écrit qu’il appréciait les semaines où les enfants sont chez leur mère, on l’aurait félicité d’être un homme aussi moderne et un papa aussi fantastique, qui s’occupe de ses enfants une semaine sur deux ».
Ces réactions outrées sont-elles donc le signe d’un conservatisme outrancier ? L’auteur le pense, qui les rapproche du mouvement Tea Party aux Etats-Unis. Mais aussi sans doute d’un machisme larvé… Qui n’est pas spécifiquement suédois. Dans le dernier numéro de la revue Ravages, intitulé « Mauvais genre », Marie-Joseph Bertini, chercheuse en sciences de la communication, a étudié les cinq étiquettes collées aux femmes et (abondamment) relayées dans les médias : égérie, muse, mère, madone, pasionaria. « Ces expressions médiatiques constituent autant de moyens de maintenir les femmes au plus près de leurs fonctions dites naturelles, c’est-à-dire le maternage, l’inspiration, la médiation, quand ce ne sont pas leurs glandes, leur ubris, c’est-à-dire cette démesure passionnée qui leur ôte tout contrôle sur elles-mêmes et donc toute prétention à contrôler les autres et à exercer de véritables pouvoirs », souligne la chercheuse.
nateka- Lez à l'aise
- Nombre de messages : 431
Age : 54
Localisation : Picardie
Emploi : Zeste de prof
Loisirs : Cinéma, littérature, randonnée, sports
Date d'inscription : 10/10/2011
Re: Pour vivre heureux, vivons divorcés ?
Bonjour nateka.
Les recherches faites par Maria Sveland concernent-elles uniquement les catégories sociales évoquées dans ton post ou bien s'étendent-elles aux autres catégories telles que femmes de ménages, fonctionnaires, commerçantes ou techniciennes? Ou bien les as-tu choisi, dans un éventail plus large, par affinité? Parce que pour une romancière, une politicienne ou une actrice, la vie peut-être belle, en effet et le divorce peut s'apparenter à une péripétie. Dans certains milieux, c'est même vu comme une obligation.
Les recherches faites par Maria Sveland concernent-elles uniquement les catégories sociales évoquées dans ton post ou bien s'étendent-elles aux autres catégories telles que femmes de ménages, fonctionnaires, commerçantes ou techniciennes? Ou bien les as-tu choisi, dans un éventail plus large, par affinité? Parce que pour une romancière, une politicienne ou une actrice, la vie peut-être belle, en effet et le divorce peut s'apparenter à une péripétie. Dans certains milieux, c'est même vu comme une obligation.
De Passage- Lez'er moi entrer !
- Nombre de messages : 33
Localisation : Au Sud de Paris
Loisirs : Contemplation du nombril et muzik!
Date d'inscription : 05/12/2011
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